jeudi 21 novembre 2013

Adelaïde et sa région / Les joies du fruit picking !

Tout se terminant malheureusement un jour, il a bien fallu que la réalité reprenne ses droits après notre road trip. Faire les cons dans le désert, c’est super, mais, à coup de deux pleins et demi par jour, ça finit par avoir un certain impact financier. C’est donc la tête remplie de souvenirs et les poches vides que nous avons dû repartir à la recherche d’un travail, ce mot qu’on avait un peu oublié.

On pensait s’y atteler dès notre arrivée à Adelaïde, mais on a quand même trouvé de quoi retarder un peu l’affaire. Pas besoin de faire beaucoup d’efforts pour tout dire. Tout est bon pour remettre à plus tard : un dernier resto tous ensemble, une petite visite de la ville,  « ah et puisqu’on est là, si on allait voir cette petite île ? ça serait bête de rater ça… »

En même temps, il faut dire qu’on est tombé sous le charme de la région d’Adélaïde. Après le nord tropical, après la sécheresse du centre, on a d’autant plus apprécié les paysages verdoyants, les vignes à perte de vue… Le choc thermique un peu moins par contre : 12 degrés le jour de notre arrivée dans la ville, dur, dur (oui, je sais, 12 c’est pas très froid comparé au mois de novembre en France, mais passer de 35 à 12 d’un coup c’est dur, et puis de toute façon si on a envie de se plaindre, on se plaint !!) Fort heureusement, le mercure a eu la bonne idée de remonter petit à petit les jours suivants, même s’il aurait pu être un tout petit peu plus audacieux.

Quelques images des alentours d'Adélaïde, la capitale du South Australia.

 

            Glenelg, Adélaïde                     Vue sur la ville depuis les Adélaïde Hills


Maslin beach



Balade sur Granit Island, à Victor Harbor, île pour une fois accessible à pied gratuitement par un petit pont, et pas en ferry. Je vous rassure, l'option payante pour y accéder existe aussi (en calèche). L'île abrite une colonie de petits pingouins, que nous n'avons pas vus. Pour les voir, il faut s'acquitter d'une promenade avec guide au crépuscule. 




 

                                                            On ne sait pas trop ce que c'est


                          


Après quelques jours de tourisme, il a bien fallu se résoudre à ré-imprimer des CV, en s’inventant pour l'occasion deux trois expériences par ci par là, et à aller faire du porte à porte.
Au passage, des cinq que nous étions au départ, nous avons continué l’aventure à 4. Barbara s’est arrêtée sur Adéläide pour chercher un boulot en ville.

De notre côté, cette fois-ci, on voulait trouver un boulot dans les champs (ramassage de fruits ou autres) Sachant que par rapport à notre premier job, ça serait bien plus crevant , bien moins payé  et soumis aux aléas de la météo.
Pourquoi donc chercher dans les champs dans ces conditions me direz-vous ?

Plusieurs explications à ce mystère..

Déjà, travailler en ville en vivant dans un van, c’est de suite plus compliqué, ne serait-ce que pour trouver un endroit où le laisser qui soit à la fois sympa et pas trop visité par les rangers.
Ça nous motivait assez moyennement.

Autre raison : en étant ici, on avait envie d’expérimenter des trucs atypiques, éloignés de notre univers quotidien et qu’on n’aurait pas l’occasion –ou même l’envie- de faire en France. Travailler dans une ferme relève un peu de cette idée.

On se voyait bien aussi bosser avec plein d’autres backpackers de toutes nationalités, tous se retrouver le soir autour d’un verre après une journée de boulot.

Pour toutes ces raisons, on a donc exploré les régions agricoles autour d’Adélaïde. 

Première recherche : dans les vignes de la MacLaren Vale, où nos amis Mika et Emilie ont trouvé un job consistant à entretenir les vignes avant que les vendanges ne commencent.
On a beaucoup aimé ce coin, et on aurait bien aimé trouvé dans ce domaine, malheureusement, rien de disponible pour nous à ce moment-là.

Deuxième étape dans nos recherches : les fermes sur les hauteurs d’Adélaïde (Adélaïde Hills).
Encore, une fois, l’occasion de visiter une très belle région, mais là non plus on n’arrivait pas au bon moment. Trop tard pour la saison des fraises, trop tôt pour la saison des cerises. 

On a donc décidé de quitter (à regret !) la région d’Adélaïde, pour aller tenter notre chance un peu loin, toujours dans l’Etat du South Australia.

On avait prévu de s’arrêter dans une succession de bleds agricoles, de frapper à la porte de toutes les fermes, en espérant que quelqu’un aurait pitié de nous. Dans ce périple, on était toujours accompagné de Cyril et Pascaline, on espérait trouver un truc tous les 4.

Arrivés dans la première ferme du premier bled dans lequel nous nous sommes arrêtés, un producteur d’oranges nous a regardés, l’air perplexe. On était à Cadell, un micro-village. Le mec ne devait pas être habitué à ce que 4 jeunes (enfin presque encore jeunes) tapent à sa porte pour lui quémander du travail. Il s’appelait Joke, ce qui n’est pas une blague, et nous a dit qu’il cherchait des gens pour commencer à ramasser des oranges à la fin de la semaine. Pour tout vous dire, on était presque déçu, on s’attendait à rouler des kms, voir du pays et frapper à des dizaines de portes, et ce fut un oui dès la première ferme. Décevant, vraiment… On était tout aussi perplexe quand il nous a dit qu’il nous rappellerait pour nous donner plus de précisions et nous dire quand on pourrait commencer. 

En attendant, cette mission accomplie, on est allé se poser dans le minuscule camping de ce tout petit village. Camping tenu par un couple d’Australiens qui se comportaient comme des grands-parents à notre égard, on s’y sentait plutôt bien, malgré l'absence tout à fait absolue d'attrait touristique dans les 200 kms à la ronde. 




Le minsucule camping de Cadell et notre emplacement 

En attendant que Joke nous rappelle, dans le camping, on a fait connaissance avec un couple de backpackers italo-japonais : Francesco et Madoka. Pour une fois, on n’est pas tombé sur des Français, on a donc pu exercer notre anglais, promis, la prochaine fois, ce sera avec des vrais anglophones. Francesco terminait ses trois mois dans une ferme d’oranges, on pouvait donc grâce à lui avoir quelques idées quant à ce qui nous attendait.

Le problème, c’est que Joke ne semblait pas vouloir rappeler… Mais ce n’était pas un gros souci parce que, visiblement, tous les producteurs d’oranges du coin nous attendaient. Les gérants du camping voulaient nous présenter « Mikael » qui cherchait des gens lui aussi pour la fin de la semaine, et l’agence de recrutement de la ville du coin voulait aussi nous mettre en relation avec un autre producteur. Quel succès, on n'avait que l’embarras du choix… Finalement, et alors qu’on ne l’attendait plus, Joke nous a rappelé le vendredi soir pour nous demander de venir travailler le lendemain matin.

On ne le savait pas encore, mais les festivités allaient commencer !

Note de la rédaction : pour plus d’informations sur le ramassage des fruits, vous pouvez vous reporter au « petit guide du fruit picking à l’usage du non initié, écrit subjectivement par nous-mêmes », en bas de cette page. Si vous êtes personnellement concerné par le fruit picking, vous n’apprendrez rien de plus, mais vous hocherez la tête en vous disant « oui, c’est vrai, c’est ce que j’ai vécu ou entendu » Si vous n’avez jamais fait de picking en Australie, et ne comptez jamais en faire, vous avez aussi le droit de vous en tamponner le coquillard, et donc de continuer tranquillement votre lecture en zappant ce guide qui ne vous sera jamais utile. Vous pouvez aussi vous dire que tout ce qui est écrit ici est super intéressant et avoir envie de le lire quand même … Les choix sont vastes…

Sur ce, je reprends mon histoire…
Ah les oranges ….
On était payé à la bin, 27 dollars par bin remplie, sachant qu’une bin, c’est 400 kilos.
Joke (c’est toujours son vrai prénom) nous a dit qu’un débutant faisait en moyenne une bin toutes les deux heures. Renseignement pris plus tard auprès de Francesco, notre expert en la matière, une bin toutes les deux heures, c’est à peu près ce à quoi peut espérer arriver un backpacker rapide, après un mois d’expérience.

En gros, pour chaque arbre, trois zones de ramassage : les oranges à l’extérieur de l’arbre, à ta hauteur, celles au sommet, et celles à l’intérieur de l’arbre. Celles à ta hauteur, ça va vite, tu as l’impression d’avancer. Celles à l’intérieur de l’arbre : là, ça se corse. Tu défonces plus ou moins l’arbre, et au passage tu te fais accrocher et griffer de partout parce que ces cons d’orangers sont couverts d’épines, que tu ne le savais pas et que tu n’as pas eu la présence d’esprit de revêtir le combo : manches longues + gants. Restent les oranges en haut de l’arbre et là, c’est pas cool : tu dois déplacer une échelle d’environ 3 tonnes, tu montes et tu te retrouves avec seulement 3 oranges dont 1 que, tu auras beau te contorsionner dans tous les sens, jamais tu ne l’atteindras….
Au passage, tomber du haut d’une échelle, ça fait mal…

Après une ou deux heures à y croire, et malgré tous nos efforts, on a vite déchanté, face à ces bins qui n’en finissaient pas de ne pas se remplir.
Du coup, démotivation dans les rangs, et bilan peu glorieux en fin de journée : 6 bins à 4.
Bref, on a reessayé le lendemain avant de lâcher définitivement l’affaire.
Mais on a pu boire plein d’oranges pressées, alors ça compense…





Notre amie l'échelle                 Remplissage de la poche ventrale avant de jeter les oranges dans les bins                     


Les fameuses bins ! 


Air un peu dépité...




Nous sommes repartis sur les routes le lendemain, pour rallier le Victoria cette fois-ci.

Première étape : Mildura, gros centre pour le ramassage de fruits et le travail dans les fermes. Mildura attire de ce fait énormément de backpackers, plus ou moins désespérés. Autour de ce marché du « désespoir », tout un système véreux s’est mis en place,  à coup de grosses arnaques et de contractors douteux, ces agents chargés de mettre en relation producteurs et backpackers, en empochant un bon pactole au passage. Je développe plus loin dans notre super guide.

Dans  notre cas, on a répondu à une annonce où ils cherchaient des gens « with experience only » pour travailler dans les vignes, éclairer les grappes, ce genre de choses. Evidemment, on n’avait aucune expérience, mais ils nous ont dit oui de suite, ce qui laisse supposer qu’ils acceptent n’importe qui tellement les gens doivent être motivés à rester.

On arrive donc le matin, à l’endroit indiqué, un gros truc, plein de travailleurs. Beaucoup de Malaisiens, et d’autres Français. Les managers ne s’en cachent pas, et à demi-mot  : « les travailleurs asiatiques, c’est pour la rapidité, les travailleurs français c’est pour le travail minutieux (mais plus lent), les travailleurs allemands, par contre, on n’en veut pas ». Bref, ça se passe de commentaires….
Une fois que tout le monde est là, la boss débarque et passe juste pour faire l’inventaire des troupes, les gens ayant l’habitude de ne pas forcément revenir bosser le lendemain. Il ne lui manquait qu’un fouet à la main et le tableau aurait été complet.

Notre job : enlever des grains sur les vignes, couper une feuille par ci, une feuille par là… pour 50 centimes par arbre.

Rien de très complexe ni de très fatigant, cette fois, la vigne est pile à notre hauteur. On s’exécute, une manager te dit de faire d’une façon, un autre passe après et te dit que ça va pas du tout et te montre l’exact contraire de ce que te dit la première. Bref, rien que de très banal. Ce « manager » je crois, c’est mon héros : il n’arrêtait pas de nous répéter « c’est votre premier jour ici, alors, prenez votre temps, allez y doucement » C’est-à-dire, que, comment te dire, dans ce cas, tu payes à l’heure. Parce qu’en y allant à notre rythme, on doit être à 6 dollars de l’heure max, on va pas peut être descendre plus bas… Bref, la matinée se passe. 

L’après-midi, on  nous envoie sur un autre champ. Et là, grosse marrade.

Cette fois-ci, la technique n’est pas la même, il ne s’agit plus de « couper dans le tas » On commence à nous expliquer : « Bon alors cette grappe-là, tu l'enlèves, celle-là, tu ne l'enlèves pas (pourquoi on sait pas trop) mais celle-là oui. Ensuite, là, tu reprends la grappe qui reste et tu lui enlèves certaines branches. Il ne doit rester que 4 branches. Enfin, ça dépend de la forme et de la taille de la grappe, des fois, il faudra laisser 6 branches, mais pas sur toutes. Vous voyez, c’est facile ! Vous avez compris ?"

Non, on n'a rien compris, si ce n'est qu’on allait devoir passer un temps fou sur chaque arbre. La manager nous a achevés en déclarant que du coup on serait payé 65 centimes par arbre ! Yououh ! elle croyait vraiment que ça allait nous faire plaisir. A la place, je crois qu’on s’est tous mis à rire, avec l’autre groupe de Français tout autant sidéré que nous. Impossible d’arrêter le fou rire. On a bien essayé, passé une demi-heure sur un arbre à deux (65 centimes à se partager) rien à faire, à part avoir perdu notre temps, et massacré des pauvres vignes qui n’avaient rien demandé. On a fini par tout arrêter et tous partir de ce merdier, devant la mine déconfite des managers, les plantant là avec leur sécateur.

On galèrera pas mal le lendemain à récupérer le peu d’argent gagné. (merci Pasca pour ta persévérance !!)

Face à ces deux magnifiques expériences successives, nous avons continué nos recherches sur les routes des bleds du Victoria, laissant Cyril et Pasca tenter leur chance à Melbourne de leur côté.

On a finalement retrouvé un job (le troisième en une semaine), on espère bien le garder quelques semaines !
Plus dans le prochain article….




« Petit guide du fruit picking à l’usage du non initié, écrit subjectivement par nous-mêmes »

 

Ah le fruit picking …. 

Tous les backpackers ou presque l’ont sur leur to-do- list… Ne pas l’expérimener au moins une fois au cours de son année ici, c’est faillir à l’un de ses devoirs…
Voilà donc les réponses aux questions que vous vous posez - ou pas - sur le fruit picking (terme englobant aussi le ramassage de légumes, car, pour une raison que j’ignore, personne ne parle de « vegetables picking »)

Pourquoi tous les gens veulent faire du fruit picking déjà ??

Plusieurs raisons : 

-Il y a moyen d’en trouver un peu partout dans tout le pays, selon la saison ou l’endroit où on se trouve.
-C’est un job qui ne demande aucune qualification particulière, aucun fermier ne vous demandera jamais un CV avant de vous embaucher.
-Si vous êtes une bille en anglais, ça n’a (presqu') aucune importance
-Malgré la répétitivité et la pénibilité de la chose (plus ou moins selon le fruit), l’ambiance peut être très sympa, possibilité de rencontrer tout plein d’autres backpackers et de garder de supers souvenirs.
-Et pour beaucoup, le fruit picking peut être le sésame pour renouveler son visa pour un an de plus. En effet, pour pouvoir prétendre à un deuxième visa, il faut justifier de 3 mois de boulot dans certains secteurs, tout ce qui touche à l’agriculture en tête.
Voilà pour le pourquoi de la chose.

Comment trouver un job dans le fruit picking ? 

Faire du porte à porte, se rendre dans les bureaux « harvest office » ou « madec ». Ils vous informent dès qu’ils ont une nouvelle offre d’emploi et évidemment il faut se jeter dessus. Les rappeler toutes les deux heures pour être au courant en temps direct.

Si vraiment  vous êtes désespérés et que vous devez trouver un job dans la semaine sous peine de devoir rentrer immédiatement d’Australie, rendez vous dans un gros centre de fruit picking, dans des villes telles que Mildura, Bundaberg..... Une fois sur place, allez voir les auberges de jeunesse ou campings sur place qui peuvent vous placer sur certains postes ou vous mettre en lien avec des agents. Bon, on vous recommande vraiment vraiment pas, voir plus loin…

La rémunération, comment ça marche ? 

Vous pouvez être payés à l’heure ou au rendement. Bien sûr, à moins que vous ne soyiez un robot, ou n’ayiez plus de bras que le commun des mortels, dans 99 pour cent des cas, c’est toujours plus intéressant d’être à l’heure. 
Même quand c’est peu payé, genre 12 dollars de l’heure, déjà, c’est pas sûr que vous feriez mieux au rendement, et dans ces cas-là, vous avez bien souvent la possibilité de travailler 10 heures par jour, 6 jours sur 7, si c’est pas génial ça !!

En général, de ce qu’on a vu, la grande majorité des jobs sont payés au rendement. Certains fruits sont plus ou moins difficiles à ramasser que d’autres, mais évidemment il n’y a strictement aucun rapport entre la pénibilité du fruit et ce que vous pouvez espérer toucher.

Quand c’est payé de l’heure, il arrive qu’une personne soit payée pour vous hurler dessus d’aller plus vite à longueur de journée.

Mais il est toujours possible de trouver des jobs plutôt bien payés et à l'heure, dans des fruits, disons, assez sympathiques, sans que personne ne vous hurle dessus, rien n’est donc désespéré. 

Petit classement totalement subjectif des fruits bien ou pas à ramasser.

Sources : des choses entendues ici ou là.

Les fruits pas sympas à ramasser :

-Numéro un : la mangue. Oui, c’est bon une mangue, enfin nous on aime bien ça. Mais à ramasser, il paraît que c’est un calvaire. Déjà, c’est souvent dans des régions où il fait très chaud et humide.
Passe encore… Le gros problème de la mangue, c’est que, quand on coupe la tige qui la relie à son arbre, ça libère un liquide acide qui brûle la peau en cas de contact. Pas la peine d'espérer y échapper en mettant des gants, vous ne feriez que risquer de patauger d'autant plus dans le jus et augmenter ainsi la surface de peau brûlée. 
-Les bananes. Les conditions climatiques sont les mêmes que les mangues,  les sacs de banane sont lourds à porter, et, en bonus, vous avez le droit à la compagnie de serpents et de rats.
-Les agrumes. A cause des épines dans les arbres, des échelles de trois tonnes à déplacer pour atteindre les fruits d’en haut et qui font perdre un temps fou.
-Les fraises : à ras du sol, donc dos penché pour les ramasser.
-Les pastèques et melons. Pas besoin d’expliciter !

Les fruits sympas à ramasser

-Le raisin : c’est à hauteur, pas besoin de trop se pencher ou de se percher, et ça paie souvent bien.
-Les cerises : elles ont la réputation de bien payer, et c’est bien moins lourd de porter son sac de cerises que son sac d’oranges sur le ventre avant de le renverser dans les bins. (et puis c’est mignon une cerise)
-Les pommes et les poires : elles se ramassent facilement, et sont souvent en quantité dans les arbres. 


Les arnaques du fruit picking !!

Le fruit picking générant un afflux massif de backpackers, des escrocs en tout genre sont venus se fourrer là-dedans et s’engraissent à la faveur de tous ceux qui galèrent à trouver quelque chose.  Globalement, c’est toujours mieux de passer directement par un fermier, pas d’intermédiaire et d’argent qui se perd sur votre dos.

Donc, les trucs véreux à éviter : 

-Les backpacks (auberges de jeunesse) dans les villes qui sont des gros centres pour le fruit picking. Elles sont suposées te trouver un travail à condition que tu paies (cher) l’hébergement chez eux.  Elles te promettent un travail rapidement, dans les faits, tu peux passer deux semaines à attendre, pour te retrouver au bout avec un travail seulement  deux jours par semaine. Et au passage on te demandera aussi certainement de payer le transport aller retour de l’auberge à la ferme tous les jours.

Le même principe peut aussi s’appliquer dans certains campings.

Certaines grosses fermes sont en relation exclusive directe avec ce type d'auberge ou camping et impossible de penser à s'y faire embaucher autrement que par ce biais.

-Les contractors. Des espèces d'escrocs agents qui mettent en relation backpackers et fermiers. Certains sont à peu près réglos (autant qu’on peut l’être quand on fait ce genre de boulot) d’autres te demandent de payer à l’avance une somme d’engagement, mais bien sûr rien ne garantit que vous ayiez quoi que ce soit au final. Certains s’évanouissent dans la nature une fois la somme empochée.

Voilà, c'était le quart d'heure informatif ! Vous voilà avertis si vous voulez vous lancer dans le monde magique du picking, parfois galère, mais parodoxalement souvent source de supers souvenirs, et, dans le pire des cas, ça fait toujours des anecdotes à raconter...

mercredi 6 novembre 2013

Uluru, Kata Tjuta et Kings Canyon : les emblèmes de l'outback

1) En route pour Uluru

Au dernier article, nous avions quitté Alice Springs très fatigués, en route pour Uluru, à 450 km de là.
Uluru, de son nom aborigène, ou Ayers Rock, de son nom anglais que personne n’utilise, est le rocher emblématique de l’Australie centrale. Un bloc de 348 mètres de hauteurs, et 3,5 km de longueur.

Enfin, en route… Nous avons passé la moitié de la journée à dormir sur une aire d’autoroute, (Erlunda, seule station-service croisée qui ressemble à peu près à une aire d’autoroute), ce qui ne nous a pas beaucoup aidés à avancer. Mais comme on n’a pas vraiment de timing à respecter, la notion de temps, de jours, d’heures, n’étant que très relative ici pour nous, ça n’avait pas grande importance.

Nous avons quand même fini par nous extraire de notre sieste et de notre aire d’autoroute pour repartir vers ce fameux rocher. (ne vous inquiétez pas, j’y viendrai pour de vrai, avec pas mal de photos à l’appui)
Nous étions donc de nouveau sur les routes, quand tout à coup….
Un fameux rocher surgit à l’horizon !


Il ne s’agit « que » du mont Conner, reconnaissable à sa forme de montagne en plateau. Il concurrence directement Uluru. D’une part, par sa hauteur, identique à 2 mètres près. D’autre part, beaucoup de voyageurs le confondent d’emblée avec Uluru (la chaleur, les durées interminables sur la route, tout ça fait qu’on s’y perd un peu). Je vous rassure, en tant que touriste avisé (merci le Lonely Planet ! ) on ne s’est pas fait avoir.

On a tout de même passé un moment à flasher le mont Conner.

Juste de l’autre côté de la route, une petite montée de  sable rouge nous a intrigués. 


La montée de sable rouge, qui nous a décidément beaucoup inspirés 

Du coup, on a tout naturellement traversé l’autoroute (ce qui ne présente pas le moindre danger ici), et, pour le coup une belle surprise nous attendait de l’autre côté de la montée. Un petit extra que même les touristes ô combien avisés et renseignés que nous sommes n’avaient pas vu venir.



Le petit extra, au loin : un lac de sel, asseché, ambiance « vallée de la mort »

Je ne félicite pas le Lonely pour le coup ! J’étais à deux doigts de leur envoyer un mail pour leur faire la remarque, que, si nous n’avions pas été rongés par la curiosité, jamais nous n’aurions découvert ce lieu, mentionné nulle part dans leurs pages. Si on ne peut même plus faire confiance à un guide de voyage réputé fiable, en qui peut-on avoir confiance, je vous le demande bien… Tout se perd de nos jours, tout se perd...


2) Uluru et Kata Tjuta

Revenus de tout ça, il nous restait encore une centaine de kilomètres pour atteindre notre but.
Mais Uluru se mérite ! Avant d’avoir le droit d’y accéder, il faut tout d’abord s’arrêter à une espèce de péage et s’acquitter du prix d’un billet qui donne le droit de faire des allers et retours sur tout le parc pendant 3 jours. Au moment où nous sommes arrivés au péage, il était 19 heures. C’est-à-dire 5 minutes avant le coucher du soleil.  Pourquoi je vous dis ça ?

Et bien, ça a son importance, mais pour la saisir, petite explication. 
Une des particularités d’Uluru est que sa roche prend des couleurs différentes selon les moments de la journée.
Evidemment, ce n’est pas parce qu’elle a la capacité de changer elle-même de couleur de l’intérieur, pas non plus parce que les types qui y bossent projettent dessus des spectacles sons et lumières différents selon l’heure, mais c’est lié à la lumière du soleil comme vous l’aurez brillamment déduit. 
La journée, Uluru a des tons bruns. Au crépuscule, la roche passe par toute une gamme de couleurs allant de l’orange, au rouge de plus en plus foncé, avant de virer au noir. Je dois avouer : j’étais très sceptique au départ sur ces histoires de changements de couleurs.
Voilà pour l’explication. 

Pour en revenir à notre histoire, il était donc 5 minutes avant le coucher du soleil et la femme qui travaille au péage nous a dit qu’on arrivait un peu trop tard pour le voir. Certes, il était un peu tard pour arriver jusqu’à l’aire dédiée à la contemplation du coucher du soleil, mais on y croyait quand même, on s’est garé n’importe comment sur le bord de la route dès qu’on a ENFIN aperçu le gros rocher… et c’était …. Et bien, c’était.. c’était très très beau. (petite larme à l’œil à y repenser). Vu l’heure à laquelle on est arrivé, on n’a pas bien sûr pu étudier toutes les différentes gammes de couleurs possibles, mais pour ce qui est du rouge de plus en plus sombre au crépuscule, rien à redire !


 

A peine le temps de faire demi-tour, de se garer à nouveau n’importe comment au bord de la route, qu’un autre beau spectacle nous attendait : le coucher de soleil sur Kata Tjuta, aussi appelés Monts Olga. 




Ces monts sont un ensemble de rochers arrondis, formés de la même roche que celle d’Uluru. Le ticket d’entrée donne droit de visiter les deux sites.

La première journée, nous n’avons au final passé que quelques minutes sur le site qu’on avait tant attendu de voir. On s’est dit qu’il serait assez judicieux d’y retourner un peu plus longtemps le lendemain.

Le lendemain,  donc, réveil très très tôt (4 heures) pour refaire la route depuis notre aire de la nuit et rejoindre à nouveau les monts Olga. But, cette fois-ci :  observer le soleil se lever sur les monts. Très jolie vue, mais moins impressionnant que le coucher du soleil de la veille.







L’aube passée, nous nous sommes rapprochés des monts pour entreprendre la randonnée « vallée des vents » qui serpente entre les rochers. Superbe rando, avec de beaux points de vue.


 



 




L’après-midi, après une visite au centre culturel pour certains, une sieste pour d’autres (cette fois-ci, on s’était levé tôt, on se trouve toujours des excuses), nous sommes retournés près d’Uluru pour le voir de plus près, et entreprendre d’en faire le tour.


Deux heures à faire le tour de la base, un incontournable quand vous êtes ici, même si, très honnêtement, certains passages peuvent paraître un peu monotones. Le rocher reste bien plus impressionnant vu de loin. 


 


Mais bon, c’est tout de même à faire. Après tout, on a roulé des centaines de kilomètres pour voir ça, bravé la chaleur, les mouches, les animaux en décomposition sur la route, ça aurait été un peu dommage de rester juste quelques minutes pour prendre trois photos avant de repartir se faire voir ailleurs. 

Pour les aventuriers, il est parfois aussi possible d’entreprendre l’ascension jusqu’au sommet.
Mais c’est déconseillé pour deux raisons.

D’une part, ce site est sacré pour les aborigènes, d’autant plus pour les propriétaires traditionnels, les Anangu. Le sentier qui mène au sommet aurait été emprunté par leurs ancêtres et symboliquement, il ne devrait plus être emprunté par des humains.
Deuxième raison : l’ascension est difficile et demande pas mal d’efforts, ce qui, combiné à la chaleur, peut provoquer des malaises, voire des morts, comme ça a déjà été le cas.
Pour ces raisons, il est rappelé partout qu’il est déconseillé de monter, mais pas interdit pour autant.
Enfin, si, parfois l’ascension est interdite notamment quand il fait plus de 36 degrés ou qu’il y a trop de vent au sommet. Ce qui était le cas le jour où on y est allé.

Le « Do not climb » est vraiment proclamé sur tout le site. Par exemple, au centre culturel, on vous encourage à signer un livre d’or après y avoir écrit fièrement et lisiblement : I didn’t climb.
Il y a aussi un livre présentant des lettres envoyées par des repentis : des gens qui écrivent pour s’excuser d’avoir grimpé et / ou d’avoir ramené des morceaux de roches chez eux. Dans ce deuxième cas, ils renvoient souvent le morceau en question en demandant de le ramener sur son lieu d’origine. (C’est malin ça, va demander aux gens qui y bossent de le remettre à l’endroit précis où le méfait a été commis, quelque part sur un rocher aussi immense) On ne sait pas trop si ce sont des lettres réelles ou fictives, montrées pour inciter le touriste à ne pas faire la même chose. D’autant plus que beaucoup de lettres évoquent une malédiction qui se serait subitement abattue sur des touristes un peu trop audacieux, ayant ramené un bout d’Uluru dans leur poche.



Et si vraiment vous êtes un forcené et que vous voulez faire savoir à la face du monde entier que vous avez été à Uluru mais que vous ne l'avez pas grimpé....

Enfin, dans notre cas, on avait de toute façon prévu de s’en tenir au tour de la base.

Un nouveau coucher de soleil sur le rocher et il était temps de laisser le site derrière nous. 



Le lendemain, journée off. Notre seule activité, en plus d'avoir glandé sur une aire de repos et de nous avoir fait pote avec un émeu, aura été de retourner au lac salé pour l'explorer d'un peu plus près. 


 



Coucher de soleil sur notre aire du soir 



3) Kings Canyon


Après cette journée hautement sportive, nous sommes  repartis  vers un autre point d’intérêt du centre australien : King’s Canyon. 

Moins connu qu’Uluru et les Monts Olga, King’s Canyon est pourtant souvent cité par les touristes comme leur plus belle expérience dans le désert.
Dans notre cas, il est difficile de dire s’il l’on a vraiment préféré l’un des deux sites, très différents, mais les falaises et les paysages dignes d’un western de King’s Canyon nous ont  époustouflés.



Il manquait quelques cm malheureusement...

 

 







 


Comme pour la rando dans les Monts Olga, nous y sommes allés tôt le matin, les marches y étant déconseillées après 11 heures du matin ou au-delà de 36 degrés. D’autant plus qu’avant d’arriver au canyon, il faut gravir d’interminables marches.

On avait peur d’attendre beaucoup du désert et d’en être finalement déçus, mais, que ce soit le site Uluru-Kata Tjuta ou King’s Canyon, on a été dans l’ensemble émerveillé.

On n’était pas vraiment pressé de quitter le désert, mais nous avions encore 1 500km devant nous entre Kings Canyon et Adelaïde, la ville où nous avions décidé de finir le road trip pour retourner à des réalités moins réjouissantes (rechercher un endroit où garer le van dans une grande ville, trouver un travail, avoir à nouveau froid, tout ça).
Ces 1 500 km avaient néanmoins la bonne idée d’offrir plus de points d’intêrets que les centaines de km que nous avions fait pour arriver jusqu’au centre.


Encore des lacs salés assechés





                          


Un lac rose ! Encore découvert par surprise…



 

Selon quelques recherches sommaires, la couleur rose serait dûe à une algue qui ne se développe que dans des lacs très salés. Le fond du lac lui-même n’est pas rose. Du coup, si l’on met de l’eau dans un récipient, elle resterait rose… On n’a pas testé.



On a changé d'Etat aussi. Bye bye Northern Territory !
(exemple typique d'une photo de touristes qui se précipitent sur le premier panneau venu pour se faire prendre en photos devant) 

4) Coober Pedy 


Ah, et puis, je ne pourrais pas finir sans évoquer notre halte dans cette charmante bourgade de Coober Pedy. Ah, Coober Pedy…

Avant de rentrer dans la ville, l’atmosphère devient lunaire : une succession de trous et de monticules de terre qui déchirent le paysage sur des kilomètres.




La raison ? L’opale. La ville vit de ses mines d’opale. Partout, des magasins d’opale. De l’opale brute, de l’opale travaillée en bijoux…
Le mot opal est partout ici, jusqu’à désigner des choses n’ayant aucun rapport ("welcome to opal restaurant, the best chinese restaurant")

Une autre spécificité de la ville tient dans la construction des bâtiments. Il fait si chaud ici que les habitants construisent les maisons sous terre. En plus des maisons, ce sont aussi des hôtels, des restaurants, des églises… Sous la terre, les habitations gardent une température constante toute l’année autour des 23 degrés. Certaines sont ouvertes à la visite, mais évidemment, nous sommes arrivés trop tard et, encore une fois, tout ou presque était fermé. On a tout de même pu visiter une petite église troglodyte.

Donc, résumons : Coober Pedy, c’est d’abord : de l’opale,  des maisons sous terre, mais c’est aussi et surtout une ville sortie de rien en plein milieu du désert, qui offre ce genre de paysages :




En les contemplant, on comprend bien le sens du mot « désolation ».

Le cinéma ne pouvait bien sûr pas passer à côté d’une ville telle que Coober Pedy. La ville et ses alentours ont servi de cadre à de nombreux films futuristes ou post apocalyptiques, comme Mad Max.
Dans toute la ville, on trouve de nombreux vestiges de ces tournages, tels des trophées de gloire d’une époque passée.

Un geek de passage trouvera peut être dans quel film on pouvait voir ce vaisseau, même si celui-ci a dû connaître des jours meilleurs. 



Ce vaisseau est le clou du spectacle, mais de nombreux autres  vestiges tout aussi splendides viennent orner la ville.



 

Dans cette ambiance, on ne pouvait donc pas partir d’ici sans vivre une rencontre du troisième type. Et celle-ci a bien eu lieu. (essayez de vous remettre la musique de "rencontre du troisième type" en tête. Ca y'est, si vous l'avez, vous me haïssez maintenant).

En montant tout en haut de la ville, pour avoir un point de vue sur celle-ci et ses alentours, nous sommes tombés dans cet antre étrange...
On est téméraire, on est quand même allé l'explorer.



L'Antre : un concept indéfinissable mixant galerie d'art, boutique d'opale, point de vue improbable sur la ville et sans doutes lieu d'habitation du propriétaire. 

 



Observez cet amoncellement de terre, et de débris d'ordinateurs et de minitel...

Le responsable de ces saisissantes œuvres d’art ? 
Un mec installé ici depuis 30 ans. A peine étions-nous sortis de la voiture qu’il s'est précipité sur nous et nous a entraînés dans sa boutique. Encore une fois, de l’opale, toujours de l’opale, sous toutes ses formes. On a même eu droit au collier avec pendentif représentant l’opéra de Sydney en opale (heureusement qu’il était écrit en gros : opéra de Sydney, sinon, pas évident de faire la correspondance). On s’est fait lourdement recommander d’acheter des bijoux, pour nos mères, sœurs, amies, boulangères etc etc… mais on n’a pas lâché. 
Voyant l’affaire perdue, il a sorti ses dernières cartes : un seau rempli d’eau avec plein de petits éclats d’opale pour la bagatelle de 2 dollars chaque. On s’est pris au jeu, à fouiller à la recherche de nos opales. Un peu parce que c’était quand même joli, un peu aussi parce que le mec commençait à nous faire peur et qu'on sentait qu'il ne nous donnait pas trop l'opportunité de lui dire non.
Pour les amateurs d’Antoine de Maximy, vous pouvez jeter un coup d’œil à son épisode en Australie, vous retrouverez toutes les images de cette boutique, et un entretien surréaliste avec le propriétaire des lieux.  On n’a pas vraiment saisi le rapport entre les opales et les « œuvres d’art » à l’extérieur de la boutique, mais de toute façon, on n’avait pas forcément envie de s’aventurer un peu plus dans Coober Pedy.





Souvenir de Coober Pedy ! C'est joli, ça scintille au soleil... 


Nous avons rejoint une aire de repos pas très loin de là, dernier endroit où nous avons dormi dans le désert. 





Le lendemain, nous avons repris la route vers la ville qui devait être le lieu d’arrivée de notre road trip : Adélaïde. Fini le désert, fini le road trip, finies les villes étranges, Adélaïde refermera une belle page de notre expérience australienne !