samedi 22 mars 2014

Vendanges à Orange

Débarqués de Tasmanie le 23 février, nous nous sommes mis à la recherche d’un nouveau boulot dès le lendemain. 

Notre cible, cette fois-ci : les vendanges. Celles-ci commençaient un peu partout dans le Victoria et le New South Wales, nous avions l’embarras du choix dans la région à cibler.

Premier essai : la région de Séville, à une heure de Melbourne,  où nous avions ramassé nos chères cerises quelques temps plus tôt.

Nous avons sillonné la région pendant 2 jours, mais rien d’intéressant ne semblait se présenter. Dans certaines fermes, nous arrivions trop tôt, dans d’autres, trop tard… Dans le coin, la plupart des fermiers passaient par l’intermédiaire d’un contracteur : Ben
Selon eux, impossible d’obtenir un job dans le coin sans passer par ce fameux Ben. 
Ben semblait régner en maître absolu sur tous les vignobles du coin, pouvant disposer à son gré du plein pouvoir qui lui était conféré : décider quels rares backpackers seraient les heureux élus pour aller jouer du sécateur dans les rangées de Sauvignon, Merlot et autres Chardonnay. 
Un homme tout à fait charmant, ce Ben.  Après 3 ou 4 appels sur son portable sans réponse de sa part, nous avons enfin réussi à le joindre. Nous n’avons malheureusement pas pu profiter du plaisir d’entendre sa voix très longtemps. Dans un souci que je qualifierais de pragmatique, il a pertinemment résumé la réponse à notre question en deux petits mots « no job», prononcés de façon très affirmée, juste avant de nous donner le plaisir d’entendre le bip de la sonnerie, signe qu’il avait raccroché. Nous ne pouvons que louer la concision dont il a fait preuve à notre égard, nous évitant de perdre notre temps.

Il nous paraissait donc assez inutile de nous attarder plus de temps dans ce coin-là, nous avons décidé de migrer « un peu plus loin ».

C’est comme ça que nous avons débarqué à Orange, à 800 km de là.

Orange est une ville de 40 000 habitants, située à 200 km de Sydney. Elle est connue pour être une région de culture de tout un tas de fruits : cerises, pommes, poires et raisins en tête. Pas la moindre orange à ramasser ici par contre. Le nom de la ville est une référence à Guillaume d’Orange. Orange est aussi l’une des rares villes d’Australie à être régulièrement enneigée l’hiver.

En arrivant à Orange, je dois dire que nous avons eu beaucoup de chances. Nous avons trouvé un travail le premier jour de notre installation ici, après seulement 200 appels. M., viticulteur, nous proposait de commencer dès le lendemain matin pour 4 jours de boulot. On s’est dit que ça serait toujours ça de pris.

Malheureusement, le temps avait décidé de s’immiscer un peu dans cette histoire.

Un beau soleil  nous accompagnait pourtant depuis notre retour de Tasmanie, et laissait entrevoir des journées radieuses passées à entasser gaiement des grappes de raisins dans des seaux tout en peaufinant notre bronzage.

Quelques heures après l’appel de M., pluies et orages sont venus jouer les trouble-fêtes. Résultat : re-rappel de M. pour nous dire qu’on ne pouvait plus travailler dans l’immédiat et qu’il faudrait attendre que le mauvais temps passe.

Nous avons donc attendu, puisqu’on ne pouvait strictement rien faire d’autre. Pour tout dire, la pluie quand tu vis en van, c’est franchement déprimant. Tu as l’impression d’être projeté dans une faille spatio-temporelle : le temps continue à se dérouler de façon tout à fait normale, sauf que toutes tes activités se trouvent mises en suspens pour un temps indéfini.

Heureusement, la pluie a fini par capituler au bout de 3 jours d’assauts constants. 

Le lundi, nous avons donc pu rejoindre le vignoble de M., qui gère la ferme avec son père, pour débuter dans nos nouvelles attributions.

Le cadre nous a d’emblée plu, on s’y sentait bien, et le boulot avait l’air tout à fait correct.


 


Chapeau rouge K-Mart sur T-Shirt violet : la grande classe  

Mais on a tout de suite pressenti qu’un léger obstacle allait vite se dresser entre M. et nous, d’ordre communicationnel. M. nous a paru très sympa mais parfois dénué des compétences les plus basiques dans ce domaine. Par exemple, comme on a pu intelligemment le remarquer dans nos différents boulots en Australie, en général,  le boss t’indique préalablement combien tu seras payé, et sous quelle modalité (au rendement ou à l’heure, déclaré ou cash, ce genre de choses).

M. de son côté,  pensait peut-être qu’on bossait pour le fun et n’avait pas l’air de trouver utile de nous renseigner sur cet aspect.

Il n’avait tout simplement pas l’air d’avoir réfléchi à ces questions. La première fois qu’on lui a demandé « On sera payé combien ? » Il nous a répondu :  « Euh, je ne sais pas encore. D’habitude, je paie au rendement, mais là, vu que la récolte n’est pas très bonne, ce sera certainement payé à la journée ». 
On était bien avancé. 
La deuxième fois qu’on lui a demandé, il nous a confirmé que ça serait payé à la journée, mais ne nous a pas dit combien. La troisième fois, il a enfin concédé à nous dire un prix, mais du bout des lèvres, l’air hésitant. Ceci dit, la paie était tout à fait correcte. Au bout d’un long moment,  il nous a aussi dit que ça serait un travail déclaré, mais nous n’avons pas vu passé l’ombre d’un contrat. Ce qui est moyennement rassurant. En gros, tu bosses, rien ne le prouve et tu te demandes donc si tu vas réellement être payé ou non à la fin.
Enfin, en attendant, on bossait seulement tous les deux sur la ferme, et le travail se passait plutôt bien.

Le deuxième jour, le père de M nous a demandé : « Au fait, est-ce que M vous a dit que vous pouviez rester dormir ici ? » Euh, vu que M. ne nous dit strictement rien de lui-même, ça ne risquait pas d’être le cas.

Mais on était plutôt content d’apprendre qu’on pouvait rester sur la ferme. Ça nous démangeait d'ailleurs de poser la question.



L'endroit où nous avons établi notre base, et ses environs : plein d'espace et de verdure juste pour nous


Un petit cadeau maison du père de M., renouvelé plusieurs fois. 
A l'origine, un simple malentendu : il a cru qu'on ne se nourrisssait QUE de noodles, tout ça parce qu'il est passé devant nous le seul jour où on en a mangé sur la ferme. 

Le père de M. nous a aussi montré une grande salle de bain et un frigo qu’il nous mettait à disposition. Tout ceci était plutôt appréciable. 
On s’est bien entendu avec lui. Il nous a expliqué tout le processus pour faire du vin, nous montrant les différentes étapes de fabrication dans son entrepôt. Il nous a aussi montré les peintures qu’il réalisait, et… petite surprise… sur l’une d’entre elle, était représenté un petit quartier aux ruelles pavées de briques roses, et  dont les bâtiments étaient eux aussi tout roses… Bref, ça nous rappelait un peu notre ville rose. 
Confirmation du père de M. : posée là au milieu de tout un tas de tableaux représentant des choses assez disparates (paysages, animaux), il s’agissait bien d’une peinture de Toulouse. Il aura suffi d’une peinture pour éveiller une lueur de nostalgie ce soir-là…

Le père de M. nous a aussi indiqué qu’ils avaient besoin de personnes pour entretenir les vignes une fois que la récolte serait terminée, et qu’on serait peut-être pris pour ce boulot, si on le souhaitait. On n’était pas contre quelques jours de travail supplémentaires. 
Malheureusement, il a rajouté : « Enfin si M. est d’accord, vu que c’est lui qui gère ça » La mention de M. a refroidi nos ardeurs et effectivement, nous avons pu constater quelques jours après qu’il n’avait pas les mêmes plans en tête que son père.

C’est après avoir achevé 4 jours de travail que les petits problèmes de communication sont montés en grade : le soir du quatrième jour, M. nous a dit qu’on ne travaillerait pas le lendemain vu les mauvaises conditions météo. 
Le lendemain, on a donc passé une journée de repos sur la ferme, attendant de nouvelles directives pour le jour suivant. 
N’ayant aucune nouvelle de M., on lui a envoyé un texto pour savoir ce qu’il en était. La réponse nous a quelques peu surpris. "Ok, guys, il n’y a plus de boulot en ce moment. Il y en aura peut-être dans deux semaines".
En gros, on était là comme des cons à attendre de reprendre, alors que le job était déjà fini. Et il ne lui avait pas paru NORMAL de nous en informer. Je me demande encore, si on n’avait pas envoyé ce message, au bout de combien de temps il serait venu nous voir sur notre campement pour nous dire « Ah oui, j’avais oublié de vous dire, en fait, vous pouvez partir ! ».

Après tout ça, nous avons quitté la ferme et sommes retournés à nos centaines de coups de fil pour retrouver quelque chose. Le seul espoir que nous avions venait de Lee, une autre viticultrice.

Nous avions pris contact avec elle quelques temps plus tôt, et elle nous avait dit qu’elle nous rappellerait  dès qu’elle pourrait commencer la récolte, c’est-à-dire, dès que la pluie et les orages seraient passés. Mouais....

On était donc assez perdu quand un matin, quelqu’un a tapé violemment sur la porte de notre van. On a ouvert, à moitié réveillés et mal coiffés, s’attendant à voir débarquer un ranger ou un backpacker ayant besoin d’un coup de main pour je ne sais quoi.

A la place, nous avons vu le visage de Chris, la cinquantaine, nous lançant un "Good Morning" souriant. Ce sourire était plutôt inattendu, il m’a fallu un bon moment avant de comprendre que la personne en face de moi ne cherchait pas à nous mettre une amende ou nous demander de partir dans les plus brefs délais.

A la place, Chris nous a juste demandé : "Est-ce que vous cherchez un boulot" ? Cette question est un non-sens. Personne ne vient à Orange pour autre chose que du travail. Et si nous n’étions pas présentement en train de travailler, c’est donc que nous cherchions du travail. Ceci dit, nous venions de découvrir une nouvelle méthode de recherche de travail que nous n’avions jamais envisagée : ne rien faire, et attendre que quelqu’un vienne frapper au van. Je doute cependant que le plan « si tu ne trouves pas de travail, le travail viendra à toi » marche à tous les coups.

Rendez-vous était donc pris le lendemain pour aller bosser dans la ferme de Chris, pour une seule journée. 

La chance semblait avec nous puisque, le soir-même, Lee nous rappelait pour nous proposer deux jours de boulot que nous avons enchaînés par la suite. 



Bosser dans des vignobles a aussi de bons côtés. 

Notre chance s’est arrêtée là. Nous n'avons pas eu de travail la semaine suivante. Toutes les récoltes étaient à nouveau en stand by à cause du retour des intémpéries. Nous avons donc eu tout plein de temps pour nous, que nous avons mis à profit pour … attendre que ça passe.

Au terme de cette semaine, on se demandait si on n’allait pas quitter Orange, quand M. (qu’on avait un peu oublié) s’est à nouveau manifesté. Il nous proposait de revenir travailler sur la ferme pour une deuxième session.

On a pu constater avec grand plaisir que ses petites particularités en matière de communication étaient toujours d’actualité. Par exemple, le premier soir, on lui a demandé si on serait payé en forfait journée, comme la première fois, ou au rendement. Cette fois-ci, il nous a dit que ça serait au rendement. En toute honnêteté, si on l’avait su avant, on aurait peut-être travaillé légèrement plus vite la première journée. Ceci dit, on s’attendait à la suite logique, c’est-à-dire à ce qu’on nous dise combien on serait payé par seau. Évidemment, avec M., ça ne semble pas couler de source et nous n’en avons rien su. Il nous a quand même dit qu’il avait compté nos seaux, mais n’a pas poussé l’idée jusqu’à nous dire combien on en avait fait. 

Mis à part ces petits bémols, on est content d’avoir repris du service ici, on s’y plaît bien, que ce soit pour le travail ou le petit emplacement qui nous est attribué sur la ferme. Là, par exemple, je suis en train de taper cet article tout en regardant un joli coucher de soleil. 




Et, puis, surtout, on va très bientôt laisser la partie « travail » définitivement derrière nous pour profiter pleinement de la partie « vacances » de notre visa. Je pondère : on a déjà profité abondamment de cette partie vacances, et de toute façon, même quand on travaille, on se sent quand même en vacances.

Mais là,  on a à nouveau changé nos plans et on est plutôt enthousiaste : d’ici quelques jours, on devrait quitter Orange pour aller visiter Sydney et ses environs. Là-bas, on compte revendre le van, avant de sauter dans un avion pour la côte ouest. La côte ouest, partie la plus sauvage et pour beaucoup la plus belle de l’Australie, n’était pas prévue à la base de notre programme. Ou plutôt, on pensait peut être la faire plus tard, à condition de revenir ici pour une deuxième année, idée à laquelle on avait plus ou moins pensé. Après réflexion, on a décidé de ne pas revenir l’an prochain mais d'aller dans le Western Australia cette année en contre-partie, histoire de ne pas avoir de regrets. 

On a donc très hâte de ranger nos sécateurs pour aller découvrir tout ça ! 

vendredi 7 mars 2014

Vivre dans un van en Australie

Pour cet article, j’ai eu envie de faire une pause dans le récit de nos tribulations, en faisant un petit hors-sujet. 

Le thème du jour : vivre dans un van, pourquoi et surtout comment ?


 

 notre maison ambulante

J’annonce tout de suite que cet article ne sera pas du tout glamour, vous êtes avertis !  


Pourquoi vivre dans un van


Pour le pourquoi de vivre dans un van, la question sera vite réglée. On pourrait se demander en  effet ce qui nous a poussés à quitter le confort d’un appartement pour se retrouver pendant un an à vivre en permanence dans 3 mètres carré. On ne vous cache pas qu’il nous arrive parfois nous-mêmes de nous poser la question,  à intervalles plus ou moins réguliers (au hasard, le pic de ce questionnement étant atteint les jours de pluie, de froid de vent ou de tout ça en même temps).

Mais si l’on voulait visiter l’Australie autrement qu’en se tenant à ses grandes villes, et si l’on voulait pouvoir se déplacer où l’on voulait quand on le voulait, il fallait se faire à cette drôle d’idée : vivre dans son véhicule.

Les avantages sont tout de même nombreux : liberté totale, pourvoir changer de plans d’itinéraire à tout moment, pas ou peu de dépenses de logement… Et un autre avantage que j’apprécie particulièrement : emporter en permanence toute sa « maison » avec soi, sans avoir  besoin de refaire ses valises tous les deux jours.


Le choix du véhicule


Ceci étant posé, il fallait choisir entre les trois types de véhicules privilégiés par les backpackers :

  • la voiture. L’option économique et plus pratique pour la conduite. Mais la moins confortable aussi (dormir dans son coffre ou dans une tente).
  • le 4X4. On a parfois regretté de ne pas en avoir. Dans le désert, beaucoup de « routes » ne sont praticables qu’en 4X4, et permettent de se rendre à des endroits inaccessibles sans cela, ou de faire des « petits » raccourcis de 400 km. Et évidemment, je ne reparlerai pas de toutes les pistes de Tasmanie soit disant praticables avec un véhicule normal, au prix de pas mal de frayeurs… Mais le 4X4 reste plus cher à l’achat et en entretien, avec une consommation élevée et un confort moindre au quotidien.
  • Restait donc le van : plus cher qu’une voiture, mais moins qu’un 4X4. Une tenue de route assez relative mais imbattable niveau confort. On aurait aimé pousser le vice jusqu’à acheter un combi coloré, pour le côté un peu « mythique », mais c’était certainement hors budget. A la place, nous avons acheté un Ford Econovan de 1996, essence, avec seulement 270 000 kms au compteur. Celui-ci nous était destiné : il ne prend que des voyageurs français et sudistes. Il s'est avéré qu'il était garé dès notre arrivée en Australie juste devant notre première auberge de jeunesse : il était pour nous. Aussitôt acheté, il fut rebaptisé Gino. Ne pas donner un nom à son véhicule est un affront, et celui-ci saura vous le rendre par des pannes diverses et inexpliquées. A savoir : ne pas avoir peur du nombre de kilomètres, ces bêtes sont résistantes, et certaines ont fêté leurs 500 000 kms.

Conseil : comment choisir son van ? Voilà le conseil de deux experts en mécanique : avoir la chance de connaître un garagiste francophone dans votre ville d'arrivée qui vous assurera, après essai gratuit du van que vous envisagez d'acheter, que vous pouvez foncer dans le désert sans risquer de voir son moteur exploser. Nos conseils s'arrêtent ici.

Le pourquoi étant posé, rentrons dans le vif du sujet :

Mais comment vit-on dans un van ? 


Evacuons tout de suite la question que tout le monde se pose, et sur laquelle je n’ai pas grandement envie de m’appesantir :


1) Les toilettes


Ici, on en trouve partout, et toujours propres. Voilà pour ce point-là ! Il arrive que, parfois, quand on se retrouve dans les parcs nationaux ou au milieu de rien, on a alors droit à des splendides toilettes sèches, (l'expression "un trou sans fond" leur est dédié) et parfois même rien. On redécouvre alors l’immense plaisir de faire pipi face à la nature - c’est vraiment moi qui ai écrit cette phrase ?

Passons maintenant à une chose un peu plus problématique à trouver (mais ça passe encore) : 


2) La douche


En tant que backpacker, on passe chacune de nos journées à l’affût de pas mal de choses (qui seront détaillées tout le long de cet article), la douche arrivant bien sûr au sommet de cette quête.

Dans les faits, on arrive à se doucher tous les jours. Enfin, presque, il y a parfois des omissions. Et dans ce cas, on a nos super alliées : les lingettes fraicheur !

Ceci dit, il y a pas mal de douches publiques en Australie, et elles sont toujours très propres. Le plus facile, c’est quand on est sur la côte et qu’il fait beau : dans ce cas-là, on utilise les douches sur les plages. Sinon, on peut trouver des douches dans pas mal d'endroits : il y en a parfois dans des stations-service, dans des offices de tourisme, dans des gares, dans des centres commerciaux (là, c’est plus rare). Pour les trouver, on fonctionne au bouche à oreille avec tous les backpackers qu’on rencontre. On a aussi téléchargé une application absolument indispensable ici (Wikicamp) qui permet de visualiser sur une carte si des douches ont été répertoriées auparavant par d’autres utilisateurs. Parfois, ces douches sont gratuites, parfois elles sont payantes, et dans d’autres cas encore, l’eau froide est gratuite, l’eau chaude payante.  La recherche de douche donne inévitablement lieu à ce genre de débats : est-ce que ça vaut le coup de faire 20 kms de détour pour aller payer 2 fois 4 dollars ? Parfois, la réponse est incontestable : oui, ça les vaut, et on se poserait même la question  pour 50 kms et 20 dollars. D’autres fois, on sait qu’il y a une douche gratuite à 5 kms et on se dit que bon, allez, ça peut attendre lendemain.

Certains jours, la recherche de douches s’annonce plus ardue que d’autres. Dans ces cas-là, on se lance parfois dans des opérations commandos : repérer un camping, s’en approcher sans éveiller le soupçon des réceptionnistes, se précipiter vers les douches, en général fermées à clé ou à code, attendre que quelqu’un en sorte et retenir la porte pour rentrer avec un air tout à fait naturel, style « oups..  j’ai encore oublié le code ! »
Quand l’option camping n’est pas non plus envisageable, alors on est obligé d’en venir à certaines extrémités. 



Le flexible de douche : un bon investissement. A raccorder partout : sortie d'eau, watertank... à condition que le lieu soit un minimum tranquille. 



La fameuse douche solaire. Un investissement qui nous a paru intelligent, mais pas si pratique à l'usage. Il faut avoir la place de la suspendre. Et je ne parle pas du débit.... 

Plus difficile que la douche, un truc auquel on n'avait absolument pas pensé avant d'arriver ici, mais certainement LE truc qui a provoqué le plus de drames et de dégoût :


3) Faire la vaisselle


ou plus exactement trouver des endroits décents pour la faire. Car nos options étaient assez limitées, et bien souvent, ça se finissait dans les lavabos installés dans les toilettes publiques pour se laver les mains. Vraiment pas ragoûtants. Ni pour nous, ni bien sûr pour les usagers qui utilisaient ces lavabos pour ce pourquoi ils étaient normalement prévus. Faire la vaisselle dans des endroits pas vraiment adaptés à cet effet, sous le regard de passants ahuris, nous a valu de nous retrouvés submergés par la honte à de nombreuses reprises. Evidemment, à part quand on était dans des vrais campings, on ne pouvait utiliser que de l'eau froide, voire gelée, idéale pour récurer des poêles salies à coup de cuisson de bacon ou de plats très diététiques qu'on se cuisinait. A ce sujet, je bénis les bacs à vaisselle de Hobart, la capitale de Tasmanie, désignée meilleur spot non officiel de backapckers en ville, (avec tables, douches chaudes gratuites...) avant qu'on se fasse dégager par des policiers au bout de quelques soirs.


4) Où est-ce qu'on dort ? 


Après ces considérations hygiéniques, le problème numéro 1 quand tu vis en van, particulièrement en road trip, c’est de trouver où dormir. Si je ne me trompe pas, en France, la loi indique, que, sauf indication contraire, il est permis de dormir n’importe où dans son véhicule. Ici, c’est le contraire : par défaut, dormir dans son véhicule est considéré comme du camping sauvage, à moins de se retrouver sur des aires de repos officielles.

Ces aires de repos sont réparties assez inégalement dans le pays, dans certains endroits il y en a partout, dans d’autres très très peu. Et bien, sûr, dans les grandes villes, il n’y en a généralement pas. 
Parfois, elles sont situées dans des endroits très sympas, un peu reculés, au bord d’un lac par exemple.
Parfois, elles sont situées en toute sortie d’autoroute, avec le bruit des camions et le goudron comme seul environnement. 
Certaines sont équipées de prises électriques, barbecues, toilettes, d’autres de rien. C’est un peu la loterie. Pour les trouver, on utilise toujours notre super appli Wikicamp, qui les répertorie toutes.

Sauf que parfois, il n’y en a pas à des dizaines de kilomètres à la ronde. Il faut alors se rabattre sur des endroits non officiels, en espérant dans ce cas ne pas avoir la visite de rangers.
On a eu affaire à eux quelques fois, dont deux où ils nous ont réveillés. On a été plutôt chanceux. A chaque fois ils ont été (plus ou moins) cool. Ils sont repartis sans nous donner d’amendes mais en nous demandant d’aller nous faire voir ailleurs la nuit suivante.

En général, tu arrives sur ton aire du soir alors qu’il fait généralement nuit et que tu n’as donc pas pu prendre pleinement conscience des environs. Cela peut donner lieu à quelques contrariétés nocturnes. A tout hasard : tu n’avais pas fait attention à la ligne de chemin de fer que tu as pourtant passée quelques mètres avant de te garer pour la nuit. Bonne frayeur assurée en plein milieu de la nuit, lors du passage du-dit train : « mais qu’est-ce que… un bateau qui nous fonce dessus ?? Un camion qui a dévié de la route ?? Ah non, tout va bien, c’est juste un train. Mais heu…il a l’air d'être proche ?  on se serait pas garé sur le passage ferroviaire par hasard ? Je suis sûre qu’on est garé sur le passage ferroviaire !!»


5) L'alimentation électrique 


Dans les innombrables autres quêtes des backpackers, la recherche d’électricité vient aussi en bonne place. Je nuance : les jours où on roule beaucoup, on n’a pas vraiment ce problème.  On recharge tout sur les batteries du van. On branche en permanence les téléphones sur l’allume-cigare. On recharge le reste (l’ordi par exemple) sur une batterie secondaire à l’arrière. Evidemment, tout ceci ne marche pas quand on est implanté quelque part et qu’on ne roule pas beaucoup.

Dans ces cas, on se retrouve dans les deux place-to-be où les backpackers se ruent en masse dans chaque ville traversée :

La laverie et la biblitothèque. En plus d’assurer leurs fonctions premières, elles sont en général largement pourvues en prises. Dans ce cas, un spectacle assez sinistre se déroule. Les backpackers arrivent alors par petits groupes, déballent ordis, tablettes, téléphones, appareils photos, speakeurs, adaptateurs… et branchent tout ça sur des multi-prises elles-mêmes branchées sur d’autres-multiprises pour que tout le monde puisse tout recharger. Et ça peut donner des choses de ce genre-là :



6) La trève du backpacker


Parfois, le backpacker fait une trève : il cède au luxe d’une nuit dans un vrai camping, pour avoir accès à tout de manière légale et immédiate. Mais il n'est pas très fier de lui le lendemain, parce que payer pour dormir, ce n'est pas dans sa philosophie de vie. 

Les périodes où il bosse, il arrivera qu’il loge sur son lieu de travail et qu’il ait accès à certaines facilités : des toilettes, une arrivée d’eau pour la vaisselle… parfois même une  prise à laquelle il pourra brancher sa rallonge de 50 mètres et ainsi accéder à une source d’électricité constante ! 

Le reste du temps,  toutes ces quêtes (endroits où dormir, douches…) prennent une grande partie de la journée. Ce qui fait qu’on ne s’ennuie jamais en van, parce qu’il y a toujours quelque chose à faire ou à chercher. De toutes façons, tout prend dix fois plus de temps dans un van, les journées passent donc très rapidement. 


7) L'alimentation


Par exemple : se faire à manger, c’est toute une épopée.

Comme on vit en extérieur, et qu’on ne peut pas préparer de repas dans le van, il faut d’abord s’interroger sur la faisabilité de la chose. Prendre en compte les différents facteurs météorologiques : Trop de vent ? La flamme du réchaud ne tiendra pas, il faut se rabattre sur quelque chose de froid. Trop froid ? dans ce cas-là, on oublie de faire un truc compliqué, on se contente de faire des noodles (ces pâtes chinoises aux 10 000 parfums tous à peu près aussi insipides les uns que les autres, mais qui demandent très peu de temps de préparation) avant de se précipiter les manger à l’intérieur. 
Ce n'est absolument pas un cliché : même si ce n'est pas bon, tous les backpackers achètent des noodles par cargaison pour les soirs sans. 



Trop de pluie ? Impossible de préparer à manger quoique ce soit. Dans ce cas, c’est rien, tartines de nutella, ou alors fast food. 

Parfois il arrive qu’aucun de ces facteurs ne vienne jouer les trouble-fêtes : on peut donc prendre du temps dehors et préparer un truc plus élaboré. Enfin, toujours dans les limites de ce que la cuisine équipée de Gino nous permet de faire.


De gauche à droite : le frigo, le lavabo, la gazinière double-plaques. 
En fait, le frigo est plutôt utilisé comme armoire pour y caser tout le matériel de cuisine, puisque ce n'est pas super pratique de le réapprovisioner en glace tous les jours. On achète donc le frais en général au jour le jour, ou on s'en passe quand on est au milieu de rien.


Là c'était pâtes bolos sans viande, je crois 

On a même quelques petits bonus ! 



Dans les faits, ils ne sous servent pas très souvent, vu qu’il faut avoir un accès à l’électricité pour s’en servir, autre qu'une prise dans une librairie, pour des raisons que vous comprendrez (maintenant que j'y pense ...). Mais on est content de les avoir, nous sommes très jalousés auprès des autres backpackers et ce sera un indéniable plus lors de la revente. 


8) Les ennemis du backpacker


Les facteurs de type météorologiques ne sont pas les seuls à prendre en compte quand on envisage de passer une soirée tranquille à l’extérieur du van. 

D’autres redoutables ennemis savent parfaitement comment jouer les fauteurs de trouble. Des ennemis contre lesquels nous menons une guerre sans merci : les insectes.
Ils se manifestent de façon subite et ce ne sont jamais les mêmes : un coup, c’est une invasion inopinée de fourmis, une autre fois, une nuée de moustiques une autre fois encore, ce sont des milliers des moucherons qui débarquent tous en même temps. Ils viennent alors se coller sur ton visage pour se rapprocher au plus près de la seule source de lumière : la frontale. 


9) Les soirées du backpacker en van


Parlons-en de la frontale. C’est l’accessoire indispensable sans lequel tu ne peux plus rien faire dès que la nuit est tombée. Bien sûr, tout le monde se dit qu’il ne se reniera jamais jusqu’à porter cette chose immonde tous les soirs sur la tête. Avant d’en arriver à cet ultime recours, toutes les autres possibilités auront été envisagées : se trimballer une lampe de poche, se caler sous un lampadaire, s’éclairer à la flamme d’un briquet… De vaines tentatives. 
La frontale est la seule option permettant d’éclairer et d’avoir les mains libres pour continuer à s’adonner à ses activités. 
Au final, tout le monde cède très rapidement au « backpacker night style ». 



Porter la frontale sur le côté, c'est furieusement tendance. 
Observez la photo : en ce temps-là, on était innocent : on pensait qu'on pouvait laisser la lumière du van allumée tout en le laissant ouvert. Quelques invasions de moustiques plus tard, on a compris...

Le backpacker night style se complète généralement d’un vieux jogging hideux pour lutter contre la fraîcheur de certains soirs, parfois aussi de chaussettes dans les tongs pour la même raison. (le backpacker évite généralement de porter d’autres chaussures que des tongs, sauf si des circonstances extrêmes l’exigent). 

Au final, toutes ces petites contrariétés font que les soirées du backpacker s’achèvent en général honteusement tôt. Quand il ne peut pas festoyer ou faire un barbecue au milieu de nulle part,  il n’a souvent qu’une envie : se précipiter dans son van pour échapper aux piqûres d’insecte et aux affres du mauvais temps. Une fois à l’intérieur, il se jettera sur des films ou une série à regarder - les jours où il aura pu recharger sa tablette s’entend. 


10) Petit bonheurs de la vie en van


Pour autant, je ne voudrais pas dresser un portrait trop négatif : vivre en van (quand on n’est pas envahi d’insectes mutants, qu’il ne pleut pas des trombes, qu'il ne fait pas plus de 30 degrés ni moins de 15, une fois qu’on a trouvé un endroit où se doucher - et cf toutes les indications mentionnées ci-dessus) c’est plutôt chouette.

Par exemple, on dort parfois dans des endroits étonnants et on se réveille fréquemment avec des vues plutôt sympa. 


 




Petit dej ensoleillé... Au bord de la plage ou dans la pampa







On assiste à tous les couchers de soleil, puisqu'on est toujours dehors.

 






On dort entouré de créatures de toutes sortes : opposums, wallabies, dingos, crocodiles.. 



Pour ce dernier point, j’admets qu’on a jamais vu de crocodiles en liberté mais on a dormi à côté d’un panneau : "attention, présence potentielle de crocodiles", alors ça compte un peu quand même.

Je crois qu'on a fait le tour des avantages et petits inconvénients de la vie en van, en espérant que ça aura pu vous donner un petit aperçu de notre quotidien ici. Petite photo regroupant tous les indispensables de ce type de vie :