Après avoir parcouru des milliers de kilomètres dans le
Western Australia, découvert la diversité de ses panoramas entre plages de rêve
et paysages désertiques, nous avons franchi les frontières de l’Etat
pour rejoindre le Northern Territory.
L’aridité des terres a peu à peu laissé
place à des paysages luxuriants, le rouge s’est peu à peu effacé au profit du
vert : bienvenue dans le Top End !
Le Top End désigne le nord du
Northern Territory. Ses limites en sont assez floues, mais en gros, il englobe
les terres situées à quelques centaines de kilomètres en dessous de Darwin.
Darwin, capitale de l’Etat, avec ses 130 000 habitants. 130 000
habitants c’est la moitié de la population d’un Etat qui ne comprend que 6
villes de plus de 1000 habitants, pour un espace équivalent à deux fois et demie
la France.
Darwin est aussi la seule capitale tropicale du pays, la
division de l’année en deux saisons (sèches et humides) prend ici tout son
sens.
Nous nous sommes rendus dans le Top End en mai, c’est-à-dire en tout
début de saison sèche, à une période assez optimale. Le soleil revient en force
et laisse derrière lui pluies et orages, l’air devient un peu plus respirable,
les cascades sont encore largement fournies en eau.
Seuls petits tracas à cette
période : les cours d’eau étant encore à un niveau élevé, les moustiques
sont au rendez-vous et peuvent vous faire accumuler les nuits blanches. De
plus, toujours du fait de niveau d’eau élevé, les crocodiles marins (ou salties
de leur petit nom) peuvent encore rôder dans certaines rivières, rendant les
baignades parfois légèrement anxiogènes quand elles ne sont pas interdites.
Le cadre étant posé, qu’a-t-on fait dans le Top End ?
Et bien, globalement, on s’est surtout baigné. Mais attention, pas n’importe où :
dans plein d’endroits différents, et tous plus beaux les uns que les autres.
Pour une fois, nous n’avions pas à rouler des journées
entières pour aller d’un endroit à un autre, nous nous arrêtions en moyenne
tous les cent kilomètres, ce qu’on a aussi beaucoup apprécié.
Premier endroit où nous nous sommes baignés : dans les
eaux thermales de Mataranka. On avait vu quelques photos et il nous semblait
qu’elles justifiaient bien un petit détour sur notre route vers Darwin.
On n’a pas
regretté : des eaux à la superbe couleur bleu-vert, à une température
supérieure à 30 degrés (OK, pas vraiment rafraîchissant, mais au moins, pas de
problème pour y rentrer) le tout au milieu d’une végétation tropicale.
Bitter Springs, premières sources thermales où nous sommes allés, dans un cadre naturel au top !
On vous avait pas encore fait le coup des pieds, je crois ?
Après Bitter Springs, deuxième arrêt à la thermal pool. A part le petit muret du fond, tout est naturel !
La couleur est due à la dissolution du calcaire (me demandez pas pourquoi ! après tout, vous pouvez toujours interroger un scientifique...)
Après avoir bien barboté dans ces eaux thermales, nous nous sommes rendus à Katherine Gorge le lendemain. Elle se situe dans dans le Nitmiluk National Park, en remontant vers Darwin. La gorge s'appelle ainsi parce qu’attenante à
Katherine, une des six villes de plus de 1 000 habitants de l’Etat, où on
aura eu quelques déboires comme on le verra plus loin.
Katherine Gorge offre des jolies balades pour atteindre des
points de vue au-dessus de la Katherine River.
Malheureusement, ici, pas moyen
de se baigner : nos copains les salties avaient eux aussi décider de venir
se prélasser dans le coin quelques temps auparavant, du coup, baignade
interdite pendant un mois. Le temps d’être sûrs qu’ils s’en seront retournés à
l’océan on suppose...
Jérémie et Rose ont quand même réussi à trouver un petit coin sécurisé en dehors de la rivière pour faire trempette.
De mon côté, la couleur ne m’a pas
donné trop envie (on devient difficile !) j’ai préféré opté pour un lézardage sur rocher.
Le soir, nous avons dormi aux alentours de Katherine, sur
une aire de repos officielle.
La veille, nous avions déjà dormi sur cette aire. Notre
soirée et une partie de notre nuit avait été rythmées par un son de beuglement
venu d’outre-tombe. Probablement un taureau en chaleur, ou les ronflements d’un
sanglier. Sauf que de nuit, quand tu n’y vois rien et qu’il n'y a qu’une paroi
de tente et une pauvre barrière pour te protéger de l’endroit d’où provient ce
bruit plus que stressant, tu t’imagines plus un truc monstrueux prêt à te ruer
dessus, et tu mobilises tout ton imaginaire pour te représenter un croisement
entre la bête du Gévaudan, un yéti et un loup-garou réunis. Les mugissements
ont fini par cesser à un moment dans la nuit, on n’a jamais vu la bête de jour,
le mystère demeure donc. Personnellement, j’ai pas très bien dormi cette
nuit-là.
Je reprends le fil de mon histoire. Le lendemain soir, donc.
On était tranquillement en train de finir notre repas sur
cette même aire de repos, quand un vieil australien visiblement pas mal
alcoolisé a débarqué d’on ne sait où pour tailler la causette avec nous. Il
nous racontait je ne sais plus quoi jusqu’à ce qu’il se mette à prendre un air
assez sérieux. « Vous savez, vous devez faire attention. Il y a des bad
guys qui circulent dans le coin. Des vrais bad guys qui viennent abîmer vos
voitures, voler, ce genre de choses. Faites attention ».
Il est ensuite reparti de l’aire comme si de rien n’était. A
ce moment-là, on s’est un peu mis en mode panique. Pourquoi était-il venu sur
l’aire juste pour nous dire ça ? Est-ce que c’était une sorte
d’avertissement ? Est-ce que c’était lui le bad guy ? Est-ce qu’il
comptait revenir en pleine nuit dans je ne sais quels sombres projets ?
Parfois, on se sent un peu vulnérable quand on dort au milieu de rien en tente
ou voiture et on déraille un peu.
On a fini par aller se coucher en étant revenu à la raison.
Non, il ne nous voulait rien de mal, même si sa tirade avait été
particulièrement maladroite.
Une demi-heure après qu’on se soit réfugié sous
la tente, plusieurs voitures ont déboulé bruyamment sur l’aire. Des types en
sont sortis, bien plus bruyants que leurs voitures, parlant démesurément fort,
(hurlant ?), riant, vociférant… Mon petit cerveau n’a fait qu’un
tour : voilà les bad guys qui débarquent, le mec a mis ses menaces à
exécution…
J’admets honteusement: j’ai eu peur, et la bête du Gevaudan de la
veille au soir n’était plus rien du tout à côté… J’avoue avoir passé une
vingtaine de minutes l’oreille tendue, prête à surgir dans la voiture et à demander à Rose de démarrer au cas où les types arriveraient droit sur nous (de
toute façon, c’était absolument impossible : la voiture était passée en
« mode nuit », les sièges de derrière rabattus et recouverts d’un
matelas, les sièges de devant envahis de sacs de voyage, sacs à dos, fringues
sales et autres joyeusetés, le volant totalement inatteignable…)
Les types ont
fini par partir au bout d’un moment et je me suis dit qu’il fallait vraiment que
j’arrête de m’auto-provoquer des bads trips la nuit sur les aires de repos…
Le lendemain, on a raconté nos déboires à Rose, en se
moquant un peu de nous-mêmes. Elle était étonnée car elle n’avait pas entendu
les types débarquer, ce qui a achevé de me convaincre d’arrêter de trop penser
la nuit.
Après le petit-déjeuner, re-direction Katherine pour
s’arrêter à la station essence. On en profite pour y remplir tous nos bidons
d’eau, ce qui suppose tout d’abord de sortir toutes les affaires entassées
au-dessus des bidons.
Dans ces cas-là, on va au plus simple et on pose toutes ces
affaires en vrac sur le toit de la voiture un temps, avant de tout remettre à sa place. Comme
il y a du réseau sur la station-service, on en profite pour se connecter à nos
comptes Facebook, envoyer quelques messages, tout ça dans la bonne humeur.
On
repart ensuite tout guilleret, content d’avoir rechargé nos bidons
gratuitement, et surtout content d’aller à notre prochaine destination :
les Edith Falls, à 80 km de là, toujours dans le Nitmiluk National Park.
En
arrivant sur place, Jérémie sort de la voiture et se rend compte qu’il y avait
un de nos sacs à dos sur le toit qui, miraculeusement, était resté là tout au
long du trajet depuis la station-service sans tomber. Ah oui, parce que
d’habitude, on s'assure TOUJOURS de ne rien avoir laissé sur
le toit avant de partir.
Et là, à la station-service, on était sans doute tellement préoccupé à écrire des conneries sur Facebook qu’on avait dû zapper. Ceci dit, le sac avait
tenu, j'ai donc lancé dans un grand sourire que ce n’était pas grave et qu’on
avait eu de la chance.
Sauf que Jérémie n’avait pas l’air souriant du
tout : non, justement, il y avait un autre sac sur le toit à côté de
celui-là, un sac noir. Tout de suite, mon sourire s’efface « mais
noooon ! je suis sûre qu’il est dans la voiture ! je vais
chercher ! » Evidemment, pas de sac noir. Là, je blêmis un peu
« euh, je suis plus très sûre d’avoir envie d’aller aux Edith Falls tout de
suite, on pourrait pas plutôt repasser à Katherine voir si quelqu’un a retrouvé
mon sac ? C’est qu’il y avait des trucs importants dedans… »
Nous voilà donc repartis sur Katherine à passer 80 km à
guetter tous les trucs noirs en bord de route qui pourraient ressembler à mon sac. Je
dois dire qu’on ne s’en rend pas compte, mais, quand on y fait attention, il y a tout plein de
trésors oubliés en bord de route. Par exemple, on a croisé des tas de pneus, vêtements,
chaussures… Mais point de sac. Nous avons donc refait le chemin dans l’autre
sens vers les Edith Falls, parce que, d’une, on pouvait pas faire grand-chose de
plus, et de deux, on n’allait pas arrêter nos vacances pour un sac.
Vous vous
demandez sans doute ce qu’il y avait dans ce sac ? Mon passeport ?
Mon portefeuille ? Des liasses de billets ? (là, ce n’est pas
crédible…) Rien de tout ça.
A l’intérieur, ma trousse de toilette, mes packs de
lentilles, mon parfum, mon fer à lisser, du maquillage… Je laisse à chacun la
liberté d’apprécier l’importance ou non de la chose !! Pour le parfum, le fer
et le maquillage, j’avoue que je ne m’en servais pas vraiment en Australie à
tel point que j’aurais pu oublier que je les avais. Mais ceux qui me
connaissent bien se doutent que j’ai dû verser une petite larme
particulièrement pour la perte d’un de ces trois objets ! (ne vous
méprenez pas : j’en rachèterai certainement un dès mon retour !). Ou
alors, je mets une croix sur tout ça et j’adopte le look backpacker jusqu’à la
fin de mes jours. Mais je ne suis pas sûre que la combinaison tong / short / pas
coiffée puisse être portée en toutes circonstances et en toutes saisons en
France, enfin à vérifier !
Quoiqu’il en soit, la perte de ce sac n’aura fait que
s’ajouter à la longue liste des objets égarés éparpillés un peu partout en
Australie parmi lesquels :
-des pulls (Célia), et des vestes (Jérémie) oubliés dans les
champs et jamais récupérés
-les lunettes de soleil de vue (Célia)
-des baskets (Jérémié) balancées d’énervement dans des
buissons suite à une corrélation route toute pourrie + marchage inopiné dans le contenu d’une
boîte de sauce tomate qui s’est ensuite répandu sur les baskets en question, lesquelles n'auront jamais été récupérées.
-des serviettes de bain (oubliées sur le toit de la voiture
elles-aussi) ou au bord de la plage
Sans oublier le cache de l’appareil photo égaré dès notre
premier jour à Singapour, l’I-phone tombé d’une poche alors qu’on roulait en
scooter à Bali sur une route toute défoncée, et jamais retrouvé, ou encore les Ray-Ban probablement oubliées dans notre dernier hôtel à Bali.
Bref, on aura sans doute fait pas mal d'heureux en Australie ou à Bali, et on souhaite à ceux qui auraient retrouvé ces objets d'en faire bon usage !
Après cette digression, je reprends le fil de notre
histoire.
Après avoir parcouru 3 fois 80 km pour essayer vainement de retrouver un sac disparu à tout jamais, nous avons fini par arriver aux Edith
Falls.
Pour changer, nous nous sommes encore une fois baignés,
après avoir marché un peu quand même.
Et pour changer encore, on a beaucoup aimé les lieux.
Premier bassin
Piège à crocos
Deuxième bassin ! Belle récompense après une courte mais très chaude marche.
Le lendemain, nous avons toujours suivi à peu près le même programme
(baignade + marche), dans le Litchfield National Park, un des deux plus célèbres parcs
nationaux du Top End. On a adoré ce parc, constitué d’une succession de
cascades et de piscines naturelles reliées les unes aux autres. On attendait de le visiter avec impatience, après en avoir entendu beaucoup de bien.
Termitières magnétiques - de loin la partie la moins intéressante du parc, d'autant plus qu'on en avait déjà vu des milliers sur la route.
Buley Rockhole, une série de bassins communicants
Florence Falls
Wangi Falls
Tolmer Falls
Petite traduction aléatoire, encore que celle-ci ne soit pas trop méchante
Un endroit où je crois qu'on n'avait pas le droit d'aller (on est trop des rebelles !)
Cascades - c'est le nom du lieu
Le premier et plus grand parc national du Top End est le
célèbre Kakadu National Park. Malheureusement, ici encore, il faut disposer d’un 4X4 pour profiter du parc. On pouvait en louer mais on n'avait
pas le temps. On devait se dépêcher d’arriver jusqu’à Darwin, où nous attendait
notre avion pour Bali. On a tout de même eu le temps de visiter la ville, et
pour une fois, on a bien aimé ! De la végétation luxuriante, des
poches de nature toutes proches de la ville et des petites places sympas. De
quoi nous satisfaire amplement.
La jolie plage de Darwin...
... où malheursement, on ne peut se baigner que de juin à septembre à cause des méduses tueuses, et encore, ce n'est pas vraiment recommandé.
Darwin met donc à disposition d'entre endroits pour se baigner :
le lac salé artificiel d'East Point
un bout de mer protégé par des filets anti-méduses - dont l'efficacité n'est pas garantie à 100 pour 100.
D'autres photos de Darwin :
Vue sur la City de Darwin
Petite place sympa
Un bâtiment un peu ancien !
Darwin est certainement l'une des villes australiennes les plus chargées d'histoire. La ville a subi d'énormes dégâts par deux fois : une première fois sous les bombardements lors de la seconde guerre mondiale, une deuxième fois lors du passage d'un cyclone en 1974. Darwin est aussi tristement célèbre pour avoir été particulièrement concernée par la politique d'assimilation forcée des métis aborigènes. Cette politique a vu de nombreux enfants enlevés de force à leurs parents pour être placés dans des orphelinats, internats, ou éduqués au sein de familles blanches.
Aujourd'hui, Darwin est une ville très cosmopolite : géographiquement, elle est plus proche de nombreuses capitales étrangères que des grandes villes australiennes.
Après cette visite de la ville, Rose nous a conduits à l'aéroport pour que nous puissions prendre notre avion pour Bali. Encore des au revoir, et, pour nous, la dernière étape de notre périple qui s'ouvrait...