Dans le dernier article, nous avions laissé nos nombreux lecteurs sur leur faim en leur parlant de l’essai boulot que
l’on devait faire le lendemain…
Et bien, mettons un terme à ce suspense… l’essai fut - étonnamment - concluant !
Tout d’abord, petit descriptif de notre cadre de travail,
dont les conditions sont particulièrement dures :
1) Le cadre de travail
Nous travaillons dans un restaurant qui surplombe la mer, du
haut d’une falaise. Plusieurs fois par jour, on voit des clients dégainer leur
appareil photo, parce que, un coup ils ont vu passer une baleine, un coup c’est
un ban de dauphins qui a éveillé leur cursiosité.. Franchement, des dauphins et
des baleines, tu parles d’une attraction !
2) Notre travail
Le cadre étant posé, rentrons un peu plus dans le vif de sujet.
Le jour où nous avons posé nos CV dans ce restaurant, nous
sommes tombés sur la boss. Elle a tout d’abord regardé Célia : « Ah,
je vois que tu as travaillé à Macdonald's (enfin Quick, mais pour des raisons que vous comprendrez aisément, ça s'est transformé en Macdonald's), tu vas pouvoir amener les plats aux
clients ». Elle s’est ensuite tournée vers Jérémie : « Tu es dans l’informatique, tu vas pouvoir régler les soucis qu’on a sur
nos PC » « Revenez donc demain, prêts à travailler ! »
On n’en revenait pas : on ne nous a pas dit les trucs
habituels « On vous rappelle, on n’a rien pour le moment mais peut être
dans deux semaines » On nous a demandé de venir le lendemain, d’autant
plus en proposant à Jérémie un boulot pile dans sa branche – alors qu’on
n’avait jamais envisagé qu’il puisse bosser dans l’informatique ici.
Nous sommes donc revenus le lendemain, un vendredi, prêts à travailler !
En tenue de combat ! Attention, grand jeu-concours, ouvert à tous : une carte postale aux trois premiers qui devineront le dress code et l'inscriront dans les commentaires ! |
On a dû avoir une chance phénoménale : notre premier
jour, on a appris que 3 employés venaient de quitter leur job précipitamment.
Moins d’employés, c’était plus d’heures de boulot pour nous. Du coup,
Jérémie n’a pas vu un ordinateur ce jour-là par contre, il a lui aussi fait de
la salle pour remplacer les collègues manquants, comme les deux jours suivants
d’ailleurs, étant donné que c’était le week end, et que le restau tournait à
plein régime.
Pour ceux que ça intéresse, un peu plus de précisions sur
notre travail en salle :
Nous faisons un travail de runner : en gros, on apporte
les plats, et on les récupère, en essayant d’en casser le moins possible au
passage. Ca ne s’appelle pas « serveur » parce qu’on ne prend
pas les commandes et qu’on n’encaisse
pas. Tout ceci à notre grand soulagement, d’ailleurs. Cela supposerait une plus grande maîtrise de
l’anglais, mais aussi de retenir la liste des plats par cœur. Or, ici, ils
aiment bien écrire des plats de 3 lignes : tu ne commandes pas un
« poulet au curry » comme chez nous, tu commandes un « poulet
arrosé de sauce curry agrémenté d’olives, d’oignons, de carottes, le tout
saupoudrée d’un peu de coriandre, et accompagné d’un riz basmati croquant et de
quelques branches de persil ». Comme ça, c’est sympa, tu galères bien à
retenir les noms des plats en anglais, et le client est absolument renseigné et
peut donc se faire son poulet tout à fait à sa sauce (c’est le cas de le
dire ) c’est-à-dire en le commandant « sans oignons »,
« sans persil » voire même sans curry. Dans le genre, j’ai dû servir
une « pizza aux crevettes » sans crevettes, ce qui ne semble choquer
personne…
3) Le fonctionnement du restau
Le client passe commande à son entrée dans
le resto, et pas à sa table. En même temps, il attrape un petit carton qui porte un numéro -pour qu’on puisse le
repérer quand on lui amènera ses plats- et part s’asseoir à une table.
Or,
quand il prend commande, il est censé indiquer où il va s’asseoir parmi ces 4
zones : intérieur / front de mer / terrasse / véranda.
Au moment où tu pars retirer le plat en
cuisine pour le service, cette indication te permettra de te rendre dans la zone où le
client est assis, et de repérer ensuite le carton avec le numéro qui est posé sur sa table.
Evidemment, tout ça c’est la théorie, en
pratique, pour des raisons qui m’échappent, le client est souvent un grand
farceur et aime s’asseoir ailleurs que là où il est censé être.
Du coup, te
voilà à chercher la table numéro 12 sur toute la terrasse pour servir des pâtes
carbonara sans crème ni lardons, mais
point de numéro 12 sur la terrasse…. Tu refais 3 fois
le tour de la terrasse au cas où, mais toujours point de numéro 12, tu
t’aventures ensuite à l’intérieur de la salle, puis sur le front de mer, tu te
dis que le client n’aurait jamais eu l’idée de s’installer sur la véranda alors
qu’il fait si chaud… Ah ben si, après 10 minutes à tourner dans tout le resto
avec tes pâtes entre les mains, tu découvres enfin le numéro 12 posé sur une
table sous la véranda….
4) Les joies du café à l'australienne
Une fois que le client aura mangé son plat, il aura en
général la bonne idée de prendre un café.
Enfin, un café… Une préparation dont
le café n’est qu’une base, que le client prendra un malin plaisir à noyer dans
de l’eau, du lait, de la crème ou que-sais-je encore…
En principe, le client
australien peut tout à fait prendre un café normal, enfin un expresso quoi.
Dans les faits, je n’ai jamais servi un café normal. Dans le meilleur des cas,
un « long black », c’est-à-dire un café allongé, auquel le client ne
manquera pas de rajouter du lait et 3 tonnes de sucre, des fois que ça aurait
encore trop goût au café. Bon jusqu’ici, tout va bien. Le problème c’est qu’il
n’a pas seulement le choix entre expresso et « long black ». Non,
non… En plus de ces basiques, le client peut aussi choisir :
-un cappucino. Dans ce cas, il précisera systématiquement
s’il le veut avec du lait normal (regular milk) ou du
lait écrémé (skinny milk), voire même du lait de soja (soya milk)
Et quand tu lui apporteras sur la table, il ne manquera pas
de te redemander : c’est bien du skinny milk hein ? (ou du soya
milk, c’est selon)
-un mogachino (toujours avec regular, skinny ou soya milk donc)
-un flat white (mêmes précisions qu’au-dessus)
-un latté, ou même un chai latté (je crois que dans le chaï,
il y a du sucre vanillé et de la canelle)
On n’a qu’une très vague idée des différences entre les
« cafés » listés ci-dessus, toute la subtilité tenant dans un savant dosage café / lait / crème, ou dans le degré plus ou moins onctueux et mousseux
du lait.
Comme vous vous imaginez, dans ces conditions, on n’est pas encore assez aguerri
pour préparer tous ces « cafés » aux clients, on se contente de leur
apporter. Enfin, on s’efforce aussi d’observer les collègues faire la vingtaine
de manip nécessaires pour préparer le moindre cappucino, en espérant
désespérément tout retenir…. Parce que, bientôt, faudra bien qu’on soit être en
mesure de les faire tout seuls… On ne s’étonne pas du fait que des organismes
te proposent de te former à être « barista » (le nom officiel de la personne qui s’occupe des cafés) à des tarifs exorbitants – parce que c’est un
vrai plus pour être embauché (tu m’étonnes !)
5) Petit bilan
Les débuts auront été assez
intenses, beaucoup de choses à retenir, mais, après quelques jours, on commence
à se sentir à l’aise. Déjà, c’est assez sympa de bosser dans ce cadre-là (la
vue est vraiment phénoménale) et de bosser ensemble au même endroit. En France,
vu les branches diamétralement opposées dans lesquelles on est, on n’aurait
jamais eu cette opportunité. De plus, l’équipe est super sympa, formée de gens
de plein de nationalités différentes.
Du coup, tout le monde parle un anglais avec une
accentuation plus ou moins approximative et personnelle…
Jérémie fait le grand écart en
bossant en salle les jours où il y a beaucoup de monde, et en gérant le parc
informatique les autres jours (bon, ok je ne suis pas sûre que 4 ordis en
réseau constituent réellement un parc informatique mais apparemment, y a de
quoi faire).
Seul petit bémol : on n’est pas à temps plein, on tourne
dans les 20 à 25 heures / semaine.
Du coup, on cherche quand même un petit truc pour bosser les soirs vu qu’on
est toujours en journée, mais sans trop forcer non plus…
6/ Les jours off
Les jours où on ne bosse pas, on continue de découvrir à
quel point il est difficile de vivre dans le Queensland, à cette période de l’année.
Slade Point, plage à deux pas de pas de chez Henri
Petite illustration avec notre échappée au Cape Hillsborough,
un parc naturel à 50 km au nord de Mackay.
Premier kangourou ! (vivant, et non écrasé sur la route...)
On pense rester ici pendant un mois et demie avant de reprendre la route, le temps de se familiariser avec notre nouveau boulot, profiter de la région un maximum, améliorer notre anglais, rencontrer du monde... On remercie encore Henri pour son accueil, et on vous donne rendez-vous à très vite pour un nouvel article ! (on ne sait pas trop encore sur quoi il portera par contre...)