jeudi 15 août 2013

Chercheurs de travail à Mackay


Chercher du travail ici, c’est un peu entrer dans un autre monde qu’il faut apprendre à décoder, dénicher ses bons plans et déjouer ses pièges et arnaques…

En même temps, on n’a pas vraiment de point de comparaison non plus, ça fait quelques années qu’on n’a pas eu à faire ça en France. Pour être encore plus honnêtes, on a rarement eu à faire ça en France, en fait.

Pour commencer, déjà,  on vous demandera un peu d’indulgence : il est minuit 51, on a mal à la tête après une grosse fiesta. Oui, oui, une grosse fiesta, qui a duré jusqu’à.. au moins 23 heures, après 23 heures, j’ai arrêté de regarder ma montre. Alors, comme ça vous vous dites qu’on est des petits joueurs, que 23 heures, franchement, c’est le début de la night et des festivités ? Si vous vous dites ça, c’est que vous n’êtes pas en Australie : ici, faire la fête jusqu’à 23 heures, c’est un peu comme jusqu’à 6 heures du mat en France. Donc, on peut dire qu’on a fait la fête toute la nuit, et qu’en plus même après ça et des mélanges incertains, je prends le clavier pour écrire ces quelques lignes. Vous devriez être contents, franchement !

Sur ce, revenons à nos kangourous : la recherche de travail.

Nous avons commencé à chercher du travail le lendemain de notre arrivée sur Mackay.

Première étape : un passage dans des agences d’interim pour évaluer l’état du marché du travail dans le coin.
 Première agence : «Hello, how are you guys ? » (on prend vite l’habitude : ici, on vous demande comment ça va trente fois par jour au moins ) « We’re good, thanks, but we are looking for a  job » (en même temps, si ce n’était pas le cas, on ne serait pas là).
Et là, le ton jovial du début a plutôt laissé place à ce genre de propos : « Ah.. bon, ça ne va pas être facile. On n’a rien pour vous en ce moment. Faites le tour des restaurants etc etc.. »

Ça commençait bien.

 Pour se redonner un peu d’espoir, on s’est rendu à une deuxième agence : « Hey, guys, what’s up ? » Ce brave monsieur ne devait pas être fan des Français, dès qu’il a reconnu notre accent, son visage a subitement changé d’air, de couleur, enfin de tout quoi. Il devait présupposer qu’on ne comprenait rien à l’anglais, il nous a juste regardés et répondu « no jobs ». 
On est resté un peu ahuri face à ça, on s’attendait tout de même à une façon plus nuancée d’annoncer la chose. Devant notre air, la deuxième employée de l’agence a donc répété deux fois, au cas où on n’aurait toujours pas compris : « no jobs, no jobs.. » 
Ayant un sens de la déduction assez développé, on a pris ça pour une invitation à sortir.
 Pile au moment où on sortait, un courant d’air a eu la mauvaise idée de rabattre violemment la porte (non, non, on ne l’a pas fait exprès !!), ce qui aurait pu rester sans conséquence mais en fait … non.  
On était tranquillement en train de marcher pour aller nous faire voir ailleurs comme on nous l’avait gentiment suggéré, et là, le brave monsieur est sorti à toute vitesse de son agence pour venir vers nous. 
J’ai eu la naïveté de penser qu’il allait nous rattraper, nous taper dans le dos comme un vieux pote, nous dire que « Hey, mates ! It was a joke ! revenez, on va vous faire un dossier ». 
Non, non, en fait, il était juste en train de hurler : « Never come back, never, you hear me » ?? et d’autres trucs qui devaient pas être très sympas. On a brillamment conclu de tout cet épisode qu’il avait cru qu’on avait claqué la porte de son agence d’énervement (et je le répète encore une fois, non, non, c’était juste le courant d’air !)

Après tout ça, on était un peu dépité, mais néanmoins un peu plus renseigné sur l’état actuel du marché du travail dans le coin, tout ceci n’a donc pas été vain.

Heureusement, le soir même, nous avons mangé chez des amis d’Henri, mon oncle. Un autre backpacker était aussi de la partie. (Pour info, backpacker = un type comme nous, qui parcourt l’Australie dans des conditions de vie et d’hygiène douteuses, en quémandant du travail partout où il passe, provoquant parfois un léger agacement chez certains autochtones).

Au cours de ce repas, on a pu reparler de tout ça, on nous a donné plein de pistes de boulots.
Nos recherches ont dû pu reprendre sous de bien meilleurs hospices le lendemain !

D’ailleurs, je dois rendre grâce aux Australiens : à part le brave monsieur de l’épisode précédent, tous ont été dans l’ensemble à l’écoute et tout à fait cordiaux. 

Parmi ces Australiens, il y a eu Josie.

Josie possède une ferme d’alpacas (comme le lama, l’alpaca est très mignon, mais il a parfois la lumineuse idée de vous mettre des coups de pieds quand l’envie de vous cracher dans la tronche ne lui prend pas). Anyway.. Nous avions contacté Josie sur les conseils d’Henri, pour voir si elle avait quelques travaux de ferme à nous proposer.
Elle nous a expliqué qu’elle prenait des gens chez elle en woofing.
C’est-à-dire, qu’elle propose le gîte, la nourriture etc etc, en échange de quelques heures de travail par jour. (Parfois le woofing peut aussi s’apparenter à de l’esclavage moderne : 7 heures de travail par jour, non payées bien sûr, et on vous demande en plus de payer pour la nourriture et l’hébergement. )
Point de ça chez Josie, le woofing chez elle, ça a l’air super cool ! Cela étant, on ne cherchait pas ce type de jobs, pouvant dormir dans notre bon Gino, on n’a pas besoin d’être hébergé. 
 Et,  de toute façon, Josie avait déjà chez elle un couple d’Italiens.
Malgré ça, elle nous a invités à passer dans sa ferme, ayant quelques autres pistes de boulot à nous proposer…

Nous voilà donc partis à la ferme, où comme vous le voyez, l’après-midi fut on ne peut plus laborieuse !














Winston, la mascotte de la ferme 







Micky 

Josie, donc, s’est décarcassée pour essayer de nous trouver des plans boulots, à commencer par son mari qui cherchait des gens pour ramasser des pierres (rock picking in english) contre bonne rémunération,  et en contactant des gens qu’elle connaissait qui pourraient avoir des choses :
du jardinage chez un ami, ou de … l’abattage et découpage de rennes ! (oui oui, les mêmes que ceux du père noël …) Ca, elle ne nous le recommandait pas vraiment, en fait, elle nous le déconseillait même fermement, mais elle connaît un gars qui paie des gens pour faire ça dans sa ferme… Bienvenue dans le bush australien !
Malheureusement, elle n’a rien pu nous avoir tout de suite, mais on est resté en contact avec elle, et elle nous tient au courant dès qu’elle a quelque chose, qui ne suppose pas d’abattre un quelconque animal bien entendu.

Je ne vous détaillerais pas toutes nos autres recherches, mais ça allait de « nettoyeur de voitures de luxe » à « cueilleurs de fleurs » en passant par faire le ménage dans les hôtels, sur des plate-formes en pleine mer, dans des abattoirs, sans oublier les CV donnés dans les bars, kébabs et autres restos de station-essence…
Comme vous voyez, on n’a pas chômé !

D’ailleurs, quelques photos du jour où nos recherches furent les plus intenses :

Finch Hatton Gorge, à soixante kms de Mackay 

Comment ça, on ne cherche pas sérieusement ? Qui vous dit qu’un recruteur ne vient pas se poster quotidiennement à côté des cascades dans l’attente du candidat idéal ?








                   










Au final, nos recherches n’auront pas été vaines !
Célia va donner une heure hebdomadaire de cours de français (son destin la rattrapera toujours, d'autant plus que ce job est totalement tombé du ciel) et Jérémie a gagné deux heures de jardinage. (job tombé du ciel aussi : la dame à qui Célia donne des cours a un voisin qui a besoin  de faire des trucs dans son jardin et elle lui a donc suggéré d'embaucher Jérémie). Encore un peu de bouche à oreille et tout Mackay aura besoin de nos services sans qu'on n'ait à lever le petit doigt.. Oui, on s'égare, mais on a le droit de rêver un peu. 
Pour l'instant, tout ceci devrait nous rapporter la mirifique somme de 120 dollars sur un mois, à nous deux. Si avec ça on ne peut pas se payer le tour complet de l’Australie !

Ah, et sinon, on allait oublier... Demain, on fait un essai pour un boulot, un vrai ! Tous les deux au même endroit mais pas pour faire les mêmes choses. Mais en fait, on ne vous dira pas où ni pour quoi faire pour l’instant … ! 

8 commentaires:

  1. Coucou les amis !

    Je ne vais pas vous mentir, je viens juste de commencer à vous lire "Le temps me manque un peu ici". Il se passe beaucoup de chose en peu de temps par chez vous. Rien que votre recherche de taff. Je n'aurais jamais cru que cela puisse être aussi laborieux pour faire l'esclave en Australie ^^ Enfin que dire pour vous remonter le moral... Et bien RIEN ^^ Vu ma galère de mon coté pour trouver quelque chose en France je suis un peu mal placé. Cependant je viens de lire à la fin de votre article une lueur d'espoir. Vous nous en direz un peu plus au prochain numéro j'espère.

    Je vous embrasse

    Sébou

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ! On a finalement été pris tous les deux, mais on ne sait pas pour combien d'heures par semaine. Mais c'est bien payé !
      Et bien, sinon, ça dépend des coins (ici, à Mackay, jusqu'à il y a quelques mois, on trouvait très facilement) des saisons (être au bon moment pour les récoltes par ex ...)
      Et puis, on s'est mis quelques barrières à cause de l'anglais, alors qu'on se débrouille pas si mal..
      Mais toi, avec ton expérience dans la restauration, tu aurais trouvé direct un truc.
      Bon courage pour tes recherches en France... biz !

      Supprimer
  2. J'ai bien aimé l'anecdote avec le type de l'agence d'intérim :)
    Ca va bien finir par payer keep going !
    Super photos ça dépayse bien tout ça.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ! pour le coup, l'anecdote n'était même pas exagérée !
      Quand tu tombes sur ça le premier jour de recherche, ça déprime un peu :-)

      Supprimer
  3. Moi je suis très confiante je suis sûre que vous allez trouver ,ici avec les connaissances de Ninou et le bouche à oreille et ailleurs où il y aura certainement plus de boulot ne désespérez pas surtout que ça fait très peu de temps que vous cherchez.Gros bisous.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ! ça y est, on a signé notre premier contrat après notre essai d'aujourd'hui... On bosse tous les deux dans le même hôtel / restaurant. Moi en tant que serveuse, jérémie pour s'occuper de l'informatique, mais aussi prêter main forte en salle quand il y a besoin. On est plutôt content au final !

      Supprimer
    2. SUPER ALORS BONNE CHANCE A TOUS LES 2

      Supprimer
    3. Merci beaucoup ! Pas mal de trucs à assimiler, mais on commence à prendre le pli ! et on bosse dans un cadre idyllique... Plus de détails dans un prochain article ! Gros bisous

      Supprimer