mercredi 6 novembre 2013

Uluru, Kata Tjuta et Kings Canyon : les emblèmes de l'outback

1) En route pour Uluru

Au dernier article, nous avions quitté Alice Springs très fatigués, en route pour Uluru, à 450 km de là.
Uluru, de son nom aborigène, ou Ayers Rock, de son nom anglais que personne n’utilise, est le rocher emblématique de l’Australie centrale. Un bloc de 348 mètres de hauteurs, et 3,5 km de longueur.

Enfin, en route… Nous avons passé la moitié de la journée à dormir sur une aire d’autoroute, (Erlunda, seule station-service croisée qui ressemble à peu près à une aire d’autoroute), ce qui ne nous a pas beaucoup aidés à avancer. Mais comme on n’a pas vraiment de timing à respecter, la notion de temps, de jours, d’heures, n’étant que très relative ici pour nous, ça n’avait pas grande importance.

Nous avons quand même fini par nous extraire de notre sieste et de notre aire d’autoroute pour repartir vers ce fameux rocher. (ne vous inquiétez pas, j’y viendrai pour de vrai, avec pas mal de photos à l’appui)
Nous étions donc de nouveau sur les routes, quand tout à coup….
Un fameux rocher surgit à l’horizon !


Il ne s’agit « que » du mont Conner, reconnaissable à sa forme de montagne en plateau. Il concurrence directement Uluru. D’une part, par sa hauteur, identique à 2 mètres près. D’autre part, beaucoup de voyageurs le confondent d’emblée avec Uluru (la chaleur, les durées interminables sur la route, tout ça fait qu’on s’y perd un peu). Je vous rassure, en tant que touriste avisé (merci le Lonely Planet ! ) on ne s’est pas fait avoir.

On a tout de même passé un moment à flasher le mont Conner.

Juste de l’autre côté de la route, une petite montée de  sable rouge nous a intrigués. 


La montée de sable rouge, qui nous a décidément beaucoup inspirés 

Du coup, on a tout naturellement traversé l’autoroute (ce qui ne présente pas le moindre danger ici), et, pour le coup une belle surprise nous attendait de l’autre côté de la montée. Un petit extra que même les touristes ô combien avisés et renseignés que nous sommes n’avaient pas vu venir.



Le petit extra, au loin : un lac de sel, asseché, ambiance « vallée de la mort »

Je ne félicite pas le Lonely pour le coup ! J’étais à deux doigts de leur envoyer un mail pour leur faire la remarque, que, si nous n’avions pas été rongés par la curiosité, jamais nous n’aurions découvert ce lieu, mentionné nulle part dans leurs pages. Si on ne peut même plus faire confiance à un guide de voyage réputé fiable, en qui peut-on avoir confiance, je vous le demande bien… Tout se perd de nos jours, tout se perd...


2) Uluru et Kata Tjuta

Revenus de tout ça, il nous restait encore une centaine de kilomètres pour atteindre notre but.
Mais Uluru se mérite ! Avant d’avoir le droit d’y accéder, il faut tout d’abord s’arrêter à une espèce de péage et s’acquitter du prix d’un billet qui donne le droit de faire des allers et retours sur tout le parc pendant 3 jours. Au moment où nous sommes arrivés au péage, il était 19 heures. C’est-à-dire 5 minutes avant le coucher du soleil.  Pourquoi je vous dis ça ?

Et bien, ça a son importance, mais pour la saisir, petite explication. 
Une des particularités d’Uluru est que sa roche prend des couleurs différentes selon les moments de la journée.
Evidemment, ce n’est pas parce qu’elle a la capacité de changer elle-même de couleur de l’intérieur, pas non plus parce que les types qui y bossent projettent dessus des spectacles sons et lumières différents selon l’heure, mais c’est lié à la lumière du soleil comme vous l’aurez brillamment déduit. 
La journée, Uluru a des tons bruns. Au crépuscule, la roche passe par toute une gamme de couleurs allant de l’orange, au rouge de plus en plus foncé, avant de virer au noir. Je dois avouer : j’étais très sceptique au départ sur ces histoires de changements de couleurs.
Voilà pour l’explication. 

Pour en revenir à notre histoire, il était donc 5 minutes avant le coucher du soleil et la femme qui travaille au péage nous a dit qu’on arrivait un peu trop tard pour le voir. Certes, il était un peu tard pour arriver jusqu’à l’aire dédiée à la contemplation du coucher du soleil, mais on y croyait quand même, on s’est garé n’importe comment sur le bord de la route dès qu’on a ENFIN aperçu le gros rocher… et c’était …. Et bien, c’était.. c’était très très beau. (petite larme à l’œil à y repenser). Vu l’heure à laquelle on est arrivé, on n’a pas bien sûr pu étudier toutes les différentes gammes de couleurs possibles, mais pour ce qui est du rouge de plus en plus sombre au crépuscule, rien à redire !


 

A peine le temps de faire demi-tour, de se garer à nouveau n’importe comment au bord de la route, qu’un autre beau spectacle nous attendait : le coucher de soleil sur Kata Tjuta, aussi appelés Monts Olga. 




Ces monts sont un ensemble de rochers arrondis, formés de la même roche que celle d’Uluru. Le ticket d’entrée donne droit de visiter les deux sites.

La première journée, nous n’avons au final passé que quelques minutes sur le site qu’on avait tant attendu de voir. On s’est dit qu’il serait assez judicieux d’y retourner un peu plus longtemps le lendemain.

Le lendemain,  donc, réveil très très tôt (4 heures) pour refaire la route depuis notre aire de la nuit et rejoindre à nouveau les monts Olga. But, cette fois-ci :  observer le soleil se lever sur les monts. Très jolie vue, mais moins impressionnant que le coucher du soleil de la veille.







L’aube passée, nous nous sommes rapprochés des monts pour entreprendre la randonnée « vallée des vents » qui serpente entre les rochers. Superbe rando, avec de beaux points de vue.


 



 




L’après-midi, après une visite au centre culturel pour certains, une sieste pour d’autres (cette fois-ci, on s’était levé tôt, on se trouve toujours des excuses), nous sommes retournés près d’Uluru pour le voir de plus près, et entreprendre d’en faire le tour.


Deux heures à faire le tour de la base, un incontournable quand vous êtes ici, même si, très honnêtement, certains passages peuvent paraître un peu monotones. Le rocher reste bien plus impressionnant vu de loin. 


 


Mais bon, c’est tout de même à faire. Après tout, on a roulé des centaines de kilomètres pour voir ça, bravé la chaleur, les mouches, les animaux en décomposition sur la route, ça aurait été un peu dommage de rester juste quelques minutes pour prendre trois photos avant de repartir se faire voir ailleurs. 

Pour les aventuriers, il est parfois aussi possible d’entreprendre l’ascension jusqu’au sommet.
Mais c’est déconseillé pour deux raisons.

D’une part, ce site est sacré pour les aborigènes, d’autant plus pour les propriétaires traditionnels, les Anangu. Le sentier qui mène au sommet aurait été emprunté par leurs ancêtres et symboliquement, il ne devrait plus être emprunté par des humains.
Deuxième raison : l’ascension est difficile et demande pas mal d’efforts, ce qui, combiné à la chaleur, peut provoquer des malaises, voire des morts, comme ça a déjà été le cas.
Pour ces raisons, il est rappelé partout qu’il est déconseillé de monter, mais pas interdit pour autant.
Enfin, si, parfois l’ascension est interdite notamment quand il fait plus de 36 degrés ou qu’il y a trop de vent au sommet. Ce qui était le cas le jour où on y est allé.

Le « Do not climb » est vraiment proclamé sur tout le site. Par exemple, au centre culturel, on vous encourage à signer un livre d’or après y avoir écrit fièrement et lisiblement : I didn’t climb.
Il y a aussi un livre présentant des lettres envoyées par des repentis : des gens qui écrivent pour s’excuser d’avoir grimpé et / ou d’avoir ramené des morceaux de roches chez eux. Dans ce deuxième cas, ils renvoient souvent le morceau en question en demandant de le ramener sur son lieu d’origine. (C’est malin ça, va demander aux gens qui y bossent de le remettre à l’endroit précis où le méfait a été commis, quelque part sur un rocher aussi immense) On ne sait pas trop si ce sont des lettres réelles ou fictives, montrées pour inciter le touriste à ne pas faire la même chose. D’autant plus que beaucoup de lettres évoquent une malédiction qui se serait subitement abattue sur des touristes un peu trop audacieux, ayant ramené un bout d’Uluru dans leur poche.



Et si vraiment vous êtes un forcené et que vous voulez faire savoir à la face du monde entier que vous avez été à Uluru mais que vous ne l'avez pas grimpé....

Enfin, dans notre cas, on avait de toute façon prévu de s’en tenir au tour de la base.

Un nouveau coucher de soleil sur le rocher et il était temps de laisser le site derrière nous. 



Le lendemain, journée off. Notre seule activité, en plus d'avoir glandé sur une aire de repos et de nous avoir fait pote avec un émeu, aura été de retourner au lac salé pour l'explorer d'un peu plus près. 


 



Coucher de soleil sur notre aire du soir 



3) Kings Canyon


Après cette journée hautement sportive, nous sommes  repartis  vers un autre point d’intérêt du centre australien : King’s Canyon. 

Moins connu qu’Uluru et les Monts Olga, King’s Canyon est pourtant souvent cité par les touristes comme leur plus belle expérience dans le désert.
Dans notre cas, il est difficile de dire s’il l’on a vraiment préféré l’un des deux sites, très différents, mais les falaises et les paysages dignes d’un western de King’s Canyon nous ont  époustouflés.



Il manquait quelques cm malheureusement...

 

 







 


Comme pour la rando dans les Monts Olga, nous y sommes allés tôt le matin, les marches y étant déconseillées après 11 heures du matin ou au-delà de 36 degrés. D’autant plus qu’avant d’arriver au canyon, il faut gravir d’interminables marches.

On avait peur d’attendre beaucoup du désert et d’en être finalement déçus, mais, que ce soit le site Uluru-Kata Tjuta ou King’s Canyon, on a été dans l’ensemble émerveillé.

On n’était pas vraiment pressé de quitter le désert, mais nous avions encore 1 500km devant nous entre Kings Canyon et Adelaïde, la ville où nous avions décidé de finir le road trip pour retourner à des réalités moins réjouissantes (rechercher un endroit où garer le van dans une grande ville, trouver un travail, avoir à nouveau froid, tout ça).
Ces 1 500 km avaient néanmoins la bonne idée d’offrir plus de points d’intêrets que les centaines de km que nous avions fait pour arriver jusqu’au centre.


Encore des lacs salés assechés





                          


Un lac rose ! Encore découvert par surprise…



 

Selon quelques recherches sommaires, la couleur rose serait dûe à une algue qui ne se développe que dans des lacs très salés. Le fond du lac lui-même n’est pas rose. Du coup, si l’on met de l’eau dans un récipient, elle resterait rose… On n’a pas testé.



On a changé d'Etat aussi. Bye bye Northern Territory !
(exemple typique d'une photo de touristes qui se précipitent sur le premier panneau venu pour se faire prendre en photos devant) 

4) Coober Pedy 


Ah, et puis, je ne pourrais pas finir sans évoquer notre halte dans cette charmante bourgade de Coober Pedy. Ah, Coober Pedy…

Avant de rentrer dans la ville, l’atmosphère devient lunaire : une succession de trous et de monticules de terre qui déchirent le paysage sur des kilomètres.




La raison ? L’opale. La ville vit de ses mines d’opale. Partout, des magasins d’opale. De l’opale brute, de l’opale travaillée en bijoux…
Le mot opal est partout ici, jusqu’à désigner des choses n’ayant aucun rapport ("welcome to opal restaurant, the best chinese restaurant")

Une autre spécificité de la ville tient dans la construction des bâtiments. Il fait si chaud ici que les habitants construisent les maisons sous terre. En plus des maisons, ce sont aussi des hôtels, des restaurants, des églises… Sous la terre, les habitations gardent une température constante toute l’année autour des 23 degrés. Certaines sont ouvertes à la visite, mais évidemment, nous sommes arrivés trop tard et, encore une fois, tout ou presque était fermé. On a tout de même pu visiter une petite église troglodyte.

Donc, résumons : Coober Pedy, c’est d’abord : de l’opale,  des maisons sous terre, mais c’est aussi et surtout une ville sortie de rien en plein milieu du désert, qui offre ce genre de paysages :




En les contemplant, on comprend bien le sens du mot « désolation ».

Le cinéma ne pouvait bien sûr pas passer à côté d’une ville telle que Coober Pedy. La ville et ses alentours ont servi de cadre à de nombreux films futuristes ou post apocalyptiques, comme Mad Max.
Dans toute la ville, on trouve de nombreux vestiges de ces tournages, tels des trophées de gloire d’une époque passée.

Un geek de passage trouvera peut être dans quel film on pouvait voir ce vaisseau, même si celui-ci a dû connaître des jours meilleurs. 



Ce vaisseau est le clou du spectacle, mais de nombreux autres  vestiges tout aussi splendides viennent orner la ville.



 

Dans cette ambiance, on ne pouvait donc pas partir d’ici sans vivre une rencontre du troisième type. Et celle-ci a bien eu lieu. (essayez de vous remettre la musique de "rencontre du troisième type" en tête. Ca y'est, si vous l'avez, vous me haïssez maintenant).

En montant tout en haut de la ville, pour avoir un point de vue sur celle-ci et ses alentours, nous sommes tombés dans cet antre étrange...
On est téméraire, on est quand même allé l'explorer.



L'Antre : un concept indéfinissable mixant galerie d'art, boutique d'opale, point de vue improbable sur la ville et sans doutes lieu d'habitation du propriétaire. 

 



Observez cet amoncellement de terre, et de débris d'ordinateurs et de minitel...

Le responsable de ces saisissantes œuvres d’art ? 
Un mec installé ici depuis 30 ans. A peine étions-nous sortis de la voiture qu’il s'est précipité sur nous et nous a entraînés dans sa boutique. Encore une fois, de l’opale, toujours de l’opale, sous toutes ses formes. On a même eu droit au collier avec pendentif représentant l’opéra de Sydney en opale (heureusement qu’il était écrit en gros : opéra de Sydney, sinon, pas évident de faire la correspondance). On s’est fait lourdement recommander d’acheter des bijoux, pour nos mères, sœurs, amies, boulangères etc etc… mais on n’a pas lâché. 
Voyant l’affaire perdue, il a sorti ses dernières cartes : un seau rempli d’eau avec plein de petits éclats d’opale pour la bagatelle de 2 dollars chaque. On s’est pris au jeu, à fouiller à la recherche de nos opales. Un peu parce que c’était quand même joli, un peu aussi parce que le mec commençait à nous faire peur et qu'on sentait qu'il ne nous donnait pas trop l'opportunité de lui dire non.
Pour les amateurs d’Antoine de Maximy, vous pouvez jeter un coup d’œil à son épisode en Australie, vous retrouverez toutes les images de cette boutique, et un entretien surréaliste avec le propriétaire des lieux.  On n’a pas vraiment saisi le rapport entre les opales et les « œuvres d’art » à l’extérieur de la boutique, mais de toute façon, on n’avait pas forcément envie de s’aventurer un peu plus dans Coober Pedy.





Souvenir de Coober Pedy ! C'est joli, ça scintille au soleil... 


Nous avons rejoint une aire de repos pas très loin de là, dernier endroit où nous avons dormi dans le désert. 





Le lendemain, nous avons repris la route vers la ville qui devait être le lieu d’arrivée de notre road trip : Adélaïde. Fini le désert, fini le road trip, finies les villes étranges, Adélaïde refermera une belle page de notre expérience australienne !



7 commentaires:

  1. Certains paysages me rappellent vraiment la Death Valley, le grand Canyon ou encore Monument Valley !
    Ca donne envie d'y aller...

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    1. Oui, tu ne t'étais pas trompé pour la death valley au téléphone ! Enfin, j'imagine, vu que je n'y suis jamais allée, mais j'ai regardé quelques photos histoire de comparer.

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  2. Salut les d'jeuns! Super reportage qui fait rêver! On apprend plein de choses! Je suis quand même déçue que vous ne m'ayiez (??) pas rapporté un bijou en opale, j'en ai pas!
    Bisou bisou je pense bien à vous!
    Mathilde

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    1. Merci :-) pour l'opale, je ne suis pas sûre que tu aies raté grand chose, les bijoux avaient l'air de dater sérieusement, du moins dans cette boutique...
      Bisous !

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  3. pour le coup ,là, c'est vraiment dépaysant ça change des plages de sable blanc je crois que j'aurai flippé grave chez cet espèce de vendeur de tout et rien...La lumière rouge sur le rocher ça devait être magique je vous envie beaucoup et courage pour trouver du taf

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    1. Je confirme, ça change des plages ... que ça soit l'un ou l'autre, c'est agréable ! :)
      Le vendeur était la représentation de cette ville de Coober Pedy : Fou !
      Merci pour le taff, on va tout donner ! :)
      Bisous.

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  4. J'irai pas jusqu'à dire que c'est magnifique, c'est ... bizarre, dépaysant. C'est clair que tu te crois dans un film de science fiction !

    Bien joué, c'est bien le vaisseau de Pitch black :)

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