vendredi 1 novembre 2013

Echappée dans le désert

Rallier le centre désertique de l’Australie était une aventure que l’on voulait vraiment accomplir ici.

Les distances dans ce pays étant démesurées, cela peut rendre ce projet un peu fou. 2 500 km de route nous séparaient du nord du Queensland à la ville d’Alice Springs, première étape de ce périple.
Un long chemin nous attendait donc, combiné à une chaleur écrasante, mais cela rendait l’épopée un peu mythique aussi.
Pour essayer de rendre un peu en images, nous avons parcouru des centaines de km de ça :


 



Une longue route toute droite, où l’on ne croise pratiquement personne.

Dans ces circonstances, la moindre petite chose est suffisante pour rompre la monotonie du trajet  : un petit relief sur le bord de la route, des termitières…


 


Rendons tout de même grâce à une activité qui permet de vous occuper et vous redonner un coup de fouet à intervalle très très régulier : la contemplation de la diversité de la faune australienne du bord de route : ses innombrables carcasses de kangourous et autres oiseaux ayant fait de mauvaises rencontres nocturnes avec un véhicule. Encore mieux, des carcasses d’animaux bien plus imposants : vaches et chevaux. Ceux-ci ont plus de chances d’avoir été piqués par un serpent que percutés par un véhicule. Je vous laisse imaginer l’odeur d’une vache en décomposition sous 40 degrés, dont vous savez que le doux fumet vous titillera inévitablement les narines quelques secondes après l’avoir vue.

L’autoroute australienne a aussi ses petites spécificités qui font toujours leur petit effet.




 

Les troupeaux de vaches peuvent gaiement traverser une route limitée à 130 km/heure, sans que personne semble n’y trouver rien à redire.  De quoi réveiller n’importe quel conducteur un peu assoupi et égayer votre parcours !

Parcourir le trajet jusqu’au centre australien est donc une réelle expérience en soi. Les paysages du bord de route ne sont pas très variés, mais vous êtes amenés à faire des rencontres improbables et vous retrouver dans des endroits que vous ne pouvez voir qu’ici ou presque : villes minières fantomatiques, minuscules villages constitués uniquement d’une roadhouse : espèce de station-service faisant aussi office de tout : bar, magasin, relai internet, camping….

Vous vous arrêterez de toute façon dans toutes les roadhouses que vous croiserez, pour faire le plein à des prix exorbitants, mais vous n’aurez pas vraiment le choix étant donné que vous ne saurez jamais à combien de centaines de kilomètres se situera la prochaine. 



 


Les Roadhouses abritent parfois de sympathiques occupants 

Vous dormirez aussi certainement dans des endroits étonnants, et aurez tout un tas d’amis pour vous tenir compagnie durant vos repas : dingos, émeus, scarabées, araignées de toutes les tailles et de tous les degrés de pilosité… 



La fameuse Redback, à ne pas approcher de trop près...

Tout ça sous un ciel que vous n’auriez jamais vu si étoilé, que vous regarderez béatement tous les soirs en continuant à vous en étonner. Ceci marche certainement d’autant plus si vous êtes des crétins de citadins comme nous, habitués à vivre dans un endroit où il ne fait jamais vraiment nuit noire.



Barbeuc sous les étoiles... 





En attendant le coucher du soleil...
                                                                                                                                                     
Parfois, votre arrivée dans les "villes" qui jalonnent la route sera remarquée par les autochtones. Par exemple, à Tennent Creek. Ville paumée au milieu de rien, dont le seul intérêt est qu’elle est à la croisée des chemins : après des centaines de kilomètres de route droite sans choix de direction possible, vous pourrez avoir un choix pléthorique entre 2 options : nord ou sud.
Bref, arrivés à Tennent Creek, on était en train de faire 3 courses dans LE magasin de la ville, quand une femme s’est à peu près jetée sur nous. « Vous êtes ici ce soir ? Il y a une fête dans la ville, chacun apporte quelque chose à manger, vous serez là ? » On sentait un ton assez implorant, un peu comme si on allait être l’attraction de la soirée. La proposition était tentante, mais on avait encore beaucoup de route, on a donc remercié poliment cette dame en ne manquant pas d’ajouter « mais on reviendra une prochaine fois ! »

C’est bien beau de conduire pour la beauté du geste, mais c’est quand même sympa quand ça nous mène quelque part. Au bout de seulement 2 200 km, nous nous sommes arrêtés à un premier point d’intérêt : les Devil’s Marbles.
Selon la croyance, ces rochers sont les œufs du dieu serpent-arc en ciel.
Ils nous ont permis de faire une brève – et très très chaude étape – avant de reprendre la route.

 



 
                                                          Test : que vous évoque cette forme ?



Bolides aperçus à la roadhouse tout près du site : vous voilà prévenus, voilà ce qui arrive aux voitures qu'on laisse trop longtemps sous le soleil sans surveillance...


Aux Devil's Marbles, nous avons été confrontés à une des petites joies insoupçonnées made in desert : on nous avait beacoup parlé des serpents, des scorpions etc etc... et bien, rien vu de ce côté-là, mais on a été confronté à un ennemi bien plus coriace : la mouche. 
En France, les mouches, c'est une chose. Tu te dis : "tiens, c'est chiant, il y a des mouches". 
Ici, c'est une véritable infection. Elles se collent en permanence sur ton visage, et visiblement elles adorent rentrer dans ton nez, tes oreilles, et, pour une raison que l'on ne saisit pas, beaucoup rêvent  de finir dans ton estomac - en tout cas, elles font tout ce qui est en leur pouvoir pour atteindre ce but. Et bien souvent, elles y parviennent. 
Du coup, tout le monde fait la danse de la mouche : des moulinets de bras en permanence autour du visage pour les faire partir. Ce qui est un combat perdu d'avance : elles reviennent toujours, sans te laisser le temps de respirer. Enfin, si, tu peux respirer un grand coup, mais elles en profitent alors pour se glisser dans toutes les voies respiratoires qu'elles trouvent sur leur chemin.

Mais il en fallait plus pour décourager nos valeureux aventuriers, et nous avons trouvé THE solution : 



La mouchtiquaire - collection désert 2 013. Comment ça vous pensez qu'on a l'air con et qu'on perd toute diginité ? Oui, c'est vrai. Mais on s'en fout, ici, c'est la tenue à porter, tout le monde se l'arrache ! 

Dans le seul vrai camping où nous nous sommes arrêtés, nous avons fait la rencontre de notre ami le paon, mais aussi d’un australien à la retraite qui fait le tour d’Australie – à son rythme – depuis maintenant 6 ans. Il nous a raconté sa façon de voyager autour d’une bière fraiche et d’un feu bienvenu (les températures chutent la nuit).





 Ceci est une photo de notre ami le paon, (et pas de l'australien, au cas où vous auriez eu un doute)

On a laissé ce camping derrière nous, tout heureux de reprendre la route...

 



Et soudain, après 4 jours et demie de route,  du milieu de nulle part, surgit … Alice Springs.


Alice Springs, donc. 27 000 habitants, et pourtant deuxième ville du Northern Territory, un Etat grand comme à peu près 3 fois la France. On est arrivé un dimanche sur la ville, grosse erreur. Presque personne dans les rues, et tout fermé, ou presque. On voulait visiter au moins une galerie d’art aborigène, vu qu’il y en a pas mal dans la ville, mais raté, c’était fermé.

 A la place, à l’office du tourisme, on nous a proposé d’aller voir le lieu qui retrace l’épopée des flying doctors, ces docteurs qui se déplacent sur des distances énormes en hélicoptère. On n’a rien contre ces docteurs, on ne peut évidemment que louer l’initiative, mais la visite paraissait vraiment juste calibrée pour mettre quelque chose sous la dent aux touristes de passage. Nous avons donc décliné la proposition, déambulé dans Alice Springs à la place, et une réalité ne peut pas vous y échapper.

Ici, plus qu’ailleurs encore, la fracture entre deux communautés qui vivent géographiquement au même endroit mais sans jamais se rencontrer est plus choquante encore. Difficile de mettre des mots dessus, la façon dont les aborigènes sont relégués en marge de la société apparaît ici de façon violente. Officiellement, Alice Springs tient une grande partie de sa renommée de la place qu’elle accorde à la culture aborigène et de la façon dont elle la met en valeur. Vaste façade... Il semble régner ici un statut quo qui pourrait se résumer en un mot : indifférence.
Alice Springs laisse donc un goût amer.

Nous avons laissé la ville derrière nous quelques heures après notre arrivée pour aller aux West McDonnell Ranges, à une centaine de kilomètres de là, notre premier vrai contact avec un des sites réputés de l’Australie centrale. 
C'est une chaîne de montagnes et de gorges, formées de roche rouge. 




Ellery creek Big hole




Ochre Pits, endroits où les aborigènes venaient autrefois se fournir en pigments de différentes couleurs. 


Panneau d'avertissement avant de commencer la rando pour atteindre Ormiston Gorge : 
quels serpents sont mortels, quels sont inofensifs, quels sont quelque part entre les deux mais on sait pas trop où... On a lâché l'affaire. 






 

Ormiston Gorge


Dernier site des West Mcdonnell Ranges où nous sommes allés : la Glen Helen Gorge. 

On y a recontré trois groupes successifs de backpackers : tous étaient français. Le français doit être la langue officielle ici, ce qui n'aide pas nos affaires. Parce que passer notre temps à se raconter nos périples et galères respectifs avec tous les français qu'on croise, c'est certainement très cool et linguistiquement rassurant, mais ce n'est pas comme ça qu'on va revenir avec un super anglais ! 

Nous avons quitté les West Mcdonnell Ranges, pour retourner sur Alice Springs pour la nuit. Enfin pour une très courte nuit. 
Après avoir vainement tenté de trouver le sommeil malgré une chaleur étouffante, nous avons à nouveau retrouvé nos amis les rangers au petit matin. Cette fois-ci, le ranger nous a raconté qu'il connaissait la France et qu'il était allé en vacances à Paris il y a peu. Tout ça avec un grand sourire, après avoir pourtant tapé vigoureusement sur le van pour nous réveiller et nous dire qu'on ne pouvait dormir nulle part dans Alice Springs sans payer. A chaque ranger, son style...
C'est donc fatigués et de très bonne heure que nous avons pris la route pour le fameux rocher d'Uluru, lieu sacré et emblématique de l'outback australien. 

Notre compte-rendu sur Uluru et ses alentours dans le prochain article ! 








13 commentaires:

  1. Très beau compte-rendu, comme souvent !
    Ceci dit il y a un "s" à Alice SpringS ;-)

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    1. Ah, un compliment de ta part, ça vaut de l'or ^^ Je m'en vais corriger pour le S. Ah, et je te devance, la map n'est pas du tout à jour parce que google map n'accepte pas d'autres pins sur une même page. Je mets mon technicien à contribution pour régler ça !! Bisous :-)

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    2. et sinon clem, il te fait penser à quoi ce rocher des Devil's marbles ? voir si on est tous unanime ... :)

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    3. J'apprécie la prise en compte de cet oubli ;-)
      Sinon ce rocher, on dirait un muffin au chocolat géant, c'est bien ça ?

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    4. Je viens de voir ta confirmation ci-dessous, promis je n'avais pas triché et j'avais bien vu ce muffin !!

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    5. Bien vu en effet ! Je t'aurais bien envoyé un muffin d'ici du coup (à peu près le seul truc culinaire que les australiens maîtrisent) mais il risquerait de finir en bouillie ! Celia

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  2. Effectivement : 使 人 敬 畏 的 = awesome. Je vous le dis en chinois pour changer un peu de l'anglais !
    Pour le test je vous donne ma vision des rochers : celui au premier plan me fait penser à une tortue des galapagos. Celui en arrière plan légèrement décalé vers la droite, je vois deux possibilités : un éléphant vu de profil ou un gros derrière d' hippopotame ! bisous.
    Dominique

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    1. On va parler couramment chinois de toutes façons , ils sont en train de peupler l'australie ... :)

      perdu, c'était un gros muffin ... Si on parle bien du même !

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  3. regarde bien le rocher et tu verras que tu peux également voir une tortue (la tête est au premier plan). Évidemment à force de manger des pâtes bolo ,vous voyez un rocher et tout de suite vous vous dites : oh un gros muffin ! Ah mirage quand tu nous tiens !

    Dominique

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    1. Ok, j'arrive à voir la tortue maintenant ... Pfiou ! Mais je maintiens la ressemblance frappante avec un (délicieux) muffin tout chocolat ! En plus, c'est de circonstance ici :)

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  4. Haha ... on parle DU rocher à l'avant plan hein ? comment tu vois des testicules ? tu dois avoir des problèmes de santé alors mec ... ^^
    On a fait aussi mumuse avec la redback, on l'a nourrie. On lui a balancé une abeille à moitié morte. C'était impressionnant la vitesse où elle a tissé un cocon autour ... une fois fini, elle l'a croquée, injecté son venin. Elle va ensuite attendre quelque temps que l'abeille pourrisse de l'intérieur pour la sucer ... sympa comme bête, isn't it ?
    Complètement d"accord pour les mouches, c'est affreux ici ... :/

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