mercredi 4 décembre 2013

Le temps des cerises !

Je commence cet article de notre nouveau campement 4 étoiles, au milieu des bêlements de chèvres qui gambadent autour de nous en toute quiétude. 
Pour savoir comment nous en sommes arrivés là, petit retour en arrière. 

Après nos diverses tentatives professionelles moins ou moins glorieuses dans les oranges et les vignes, nous avons à nouveau parcouru les routes du Victoria dans l'espoir de tester un nouveau travail, et de le garder plus de deux jours cette fois-ci si possible. 
C'est comme ça que nous avons atteri dans la ferme de Joséphine, à Glenrowan. 

Glenrowan et ses 900 habitants ne vous disent sans doutes rien mais tous les Australiens connaissent ce village pour avoir été le dernier point de passage de Ned Kelly avant qu'il ne rende l'âme.
Ned qui ?? Je vous rassure, si vous n'en avez jamais entendu parler, à moins que vous ne soyez Austalien, votre culture n'est pas défaillante (et je la félicite si vous voyez de qui il s'agit). Par contre, je vous sens piqués dans votre curiosité, alors en quelques mots, la vie de Ned Kelly ! (ne me remerciez pas !) 

Ned Kelly, puisque c'est de lui dont on parle, est né au milieu du 19 ème siècle, à une époque où les habitants du bush souffraient de nombreuses injustices de la part des propriétaires terriens, protégés par la justice. Ned Kelly et son clan familial oeuvreront contre ce système. Ils sont souvent soupçonnés de vols de chevaux et de bétail, parfois à tort. Ned Kelly sera vite considéré comme un bushranger, ces habitants du bush qui cherchaient à survivre en échappant aux autorités, à coup d'attaques de diligences ou braquages de banques. 

En 1878, un agent prétend avoir été attaqué par Ned Kelly et son clan. Plus tard, il sera renvoyé de la police et accusé de mensonge, mais à cet instant-là, Ned Kelly part en cavale, ne pouvant prouver son innocence. 
Lors de cette cavale qui a mal tourné, trois policiers seront tués. Sa tête sera mise à prix par la suite, mais il bénéficiera d'énormes soutiens au sein de la population, qui lui ont permis, ainsi qu'à son clan, d'échapper longtemps aux autorités. Ces soutiens sont entre autres liés à la dénonciation des abus de pouvoir, du fait notamment que la police détiendra de nombreux amis et sympathisants de Kelly, sans aucune charge, durant 3 mois. Retranchés avec ses amis dans une auberge à Gleworan, Ned Kelly prend en otage 70 personnes en attente des confrontations avec la police. Des coups de feu éclatents, et tous les membres de son clan sont tués. Lui survit, sera condamné à mort puis pendu par la suite. 

En résumé, Ned Kelly sera considéré comme un Robin des Bois modernes, figure de résistance à l'autorité. D'autres le verront comme un tueur de policiers. 
En tout cas, impossibe d'espérer échapper à la légende de Ned à Glenrowan. Le village semble vivre uniquement du souvenir de Ned. 

Il suffit de s'égarer 5 minutes dans la seule et unique rue du village pour s'en convaincre : une succession de magasins de souvenirs poussiéreux, exposant pêle-même des portes clés "Ned kelly" et des armes factices, un pub très originalement appelé "Ned Burger", un "Kelly high school" des hôtels à la gloire de notre homme, et bien évidemment le musée qui lui est consacré. Un panneau vous avertit à l'entrée du musée :  vous allez avoir peur. 



 



Malheureusement, tout ces efforts ne semblent pas suffisants pour rentabiliser les commerces, le touriste se fait relativement rare, et la plupart des boutiques cherchent à être rachetées. 

Voilà pour la partie historico-mercantile. 

Sinon, à Glenrowan, il y a aussi des vergers, et parmi ceux-là, le verger de Joséphine donc, productrice de cerises. 



Vue sur les cerisiers 


Vue au-delà des cerisiers 


La star des lieux 



Remplissage des buckets 



La technique du crochet pour aller chercher les cerises tout en haut 

Joséphine paraît être la boss la plus cool au monde. Le premier jour, elle nous a expliqué qu'elle ne serait pas derrière nous à nous mettre la pression, que, si on voulait, on ne pouvait bosser que deux heures par jour, à condition qu'elle en soit avertie, faut pas déconner non plus....

Peut-être parce que, même si nous avons affaire à elle, ce n'est pas vraiment la boss en fait. Elle reprend l'exploitation de sa mère, trop malade pour la gérer, et comme elle nous l'a expliqué, la paperasse et la gestion d'une ferme, ce n'est pas son truc. Son truc, c'est de ramasser des fruits. Ce qui n'est pas de bol puisque c'est la tâche qui nous a été assignée à nous. 

Pour l'aider dans la ferme, elle est assistée de Brad. 
Brad s'occupe entre autre de passer dans les rangées pour ramasser nos paniers remplis de cerises. Ce qui fait que c'est avec lui que l'on  est en contact  pendant la journée, et donc, c'est à lui qu'on pose toutes les questions sur les cerises qui nous passent par la tête. Oui, on a plein de questions sur les cerises, parce que, la cerise, c'est un peu devenu notre sujet de conversation numéro 1 : comment reconnaître ses différentes variétés, comment optimiser ses techniques de ramassages... A vrai dire, la cerise pour nous, c'est un peu comme la crevette pour Bubba. 
Pour en revenir à Brad, le problème, c'est que, dès qu'on lui posait une question sur les cerises, on s'est vite rendu compte qu'il nous répondait un peu au hasard. 
Comme il nous l'expliquera plus tard, ce n'est pas son truc les cerises.  Son truc à Brad, c'est de chercher de l'or. C'est un peu par accident qu'il s'est retrouvé dans cette galère, avant de s'en retourner à ses mines d'or. 

En tout cas, bosser avec Brad et Joséphine, c'est plutôt sympa et on a droit à des petits bonus : barbecue offert le samedi soir, safari nocturne en pick up à travers les champs de cerisiers et de cactus, à la recherche des wombats...
Au final, grand souvenir même si on n'aura pas vu de wombats. Mais, en lot de consolation, un oppossum et quelques wallabies. 



Oppossum perché sur sa branche

Dans nos attributions de ramasseurs, nous ne sommes pas tout seuls. 

Nous faisons partie de l'équipe des réguliers, et, à ce titre, nous avons le droit et l'immense privilège de camper sur le terrain de Joséphine. 
Là, on a fait jackpot : 5 autres backpackers, tous français. Et encore, il y en avait un de plus qui est parti. Ce qui fait qu'on parle français quand on se lève, quand on travaille, quand on se retrouve tous le soir ou quand il n'y a pas de boulot -c'est à dire souvent.
Heureusement - ou malheureusement pour lui - Ollie, un anglais a eu la bonne idée de nous rejoindre la deuxième semaine. 

Ah, je ne vous ai pas encore parlé de notre campement ? 



Notre pièce principale, commune à tous les résidents : un superbe assemblage de tôle, de table, de bâche, de bouts de bois...récupérés par ci par là, sur le terrain de Joséphine. 


Heureusement, la vue rattrape un peu tout ça...

A proximité immédiate de la salle commune : des chèvres et des boucs, qui nous réveillent parfois la nuit et semblent adorer sauter sur nos voitures, des déjections de chèvres et de boucs, Jack le chien, qui vient nous voir aux heures des repas, un cheval et des champs de cactus. 






                                                            Une partie du troupeau




 Des cactus qu'on sait pas trop pourquoi ils sont là 

Oui, on ne sait pas trop à quoi servent les cactus. Apparemment, ça fait des fruits qui peuvent se ramasser, comme nous a raconté Ollie qui a travaillé sur la ferme l'année d'avant. Le seul souci, c'est qu'il est resté avec des épines plantées dans les visage deux mois après. En tout cas, ces champs de cactus ne doivent pas trop plaire à Brad. Un jour que Joséphine nous faisait une démonstration de tir de fusil et nous proposait de nous apprendre à tirer, (on est dans la campagne) Brad a eu une envie subite d'éclater un cactus à coup de fusil, ce qu'il a brillament réussi.
Personnellement, à sa place, j'aurais certainement choisi d'éclater un ou deux cerisiers. 

Côté hygiène, nous avons droit à des superbes toilettes de chantiers. On peut aussi aller se doucher dans la salle de bain familiale, à condition qu'il y ait quelqu'un dans la maison et que la salle de bain soit libre, c'est à dire pas tout le temps. Le reste du temps, heureusement, nous avons pu recycler un vieux canon en douche solaire. 



Température de l'eau : aléatoire. Débit : inexistant. 

Malgré ce confort, un peu spartiate, on coule des jours tranquilles sur notre campement. On a eu la chance de tous bien s'entendre : Marie et Alex, Marine et l'autre Jérémie, et nous. Sans oublier Ollie. 

Jérémie s'est trouvé un double spirituel en la personne de l'autre Jérémie : même humour, même geek attitude... et comme le dit le fameux proverbe "un Jérémie ça va, deux Jérémie, bonjour les dégâts..." C'est pas facile tous les jours...

Ceci dit, il faut dire qu'il valait mieux qu'on se supporte à peu près tous, vu tout le temps qu'on passe ensemble. La première semaine, sur sept jours, on a dû travailler deux jours et demie (les cerises, c'est capricieux, ça mûrit les unes après les autres, et l'exploitation est petite et n'offre donc pas forcément du travail tous les jours). 
Ca laisse donc une large amplitude de temps passé tous ensemble, dans notre campement de luxe.  On a eu tout loisir pour redécouvrir des petits plaisirs simples : jouer aux cartes et se perfectionner à la belote, se balader et risquer sa vie dans des cascades pas loin d'ici, se moquer des accents des uns et des autres - venant tous des 4 coins de la France. On se croyait un peu en colonie de vacances. Je crois même qu'on peut dire qu'on était heureux. 

 



Séance coupage de cheveux par Alex


Hamburgers partie ! (C'était au début, on croyait encore qu'on gagnerait assez de sous pour se faire des vrais repas...)


La deuxième semaine, on a pu travailler un peu plus. Bon, on a quand même presque rien gagné non plus. On devait passer notre temps à fouiller dans les arbres dans le but de trouver et de récupérer seulement les 10 pour 100 de cerises les plus mûres, ce qui fait que nos paniers ne se remplissaient pas beaucoup, ce qui est embêtant quand on est payé au panier. 
Evidemment, tout ceci n'était pas très positif pour nos porte-monnaie. 

Du coup, les premiers soirs, on s'est retrouvé autour de quelques bières, puis, il a fallu baissé en gammes, restrictions budgétaires obligent. Après les bières, nous sommes passés au coca, puis au sirop de citron, et enfin au thé.
Mais bon, ça ne nous empêchait pas de continuer à bien nous marrer tous ensemble. 

Au bout de la deuxième semaine, Joséphine nous a annoncé qu'il n y avait plus de travail sur sa ferme. Marie et Alex sont partis sur Melbourne. 
Pour Marine, les Jérémie et moi, Joséphine nous a trouvé encore trois jours de travail dans une autre ferme à cerises, toujours sur Glenrowan.

Et là .... Victoire ! 
On a enfin pu travailler des journées complètes, avec des cerises toutes mûres, et surtout qu'on pouvait toutes décrocher de l'arbre. Résultat, un rendement qu'on ne pensait jamais pouvoir atteindre avec des cerises. Du coup, on a un peu perdu le sens des réalités, on s'est dit qu'on pouvait s'autoriser quelques folies, un mac do par exemple. 
Malheureusement, sur cette ferme, il n y avait du travail que pour 2 jours et demi, ce qui est fort dommage, puisqu'en deux jours et demi, on aura gagné autant d'argent qu'en deux semaines dans la première ferme. Mais ainsi va la vie... 


 


Kangourou qu'on croise sur le chemin du travail pour se rendre sur la deuxième ferme. Renseignement pris auprès de Chris (le Brad d'ici) c'est un vieux mâle chassé de son clan, sur le point de mourir. Bon...

La saison des cerises étant terminée à Glenrowan, on s'est donc retrouvé sans travail, alors que notre idée de base, c'était de travailler un bon mois, pour mettre des sous de côté avant d'aller en Tasmanie (notre nouvelle lubie). Re cogitation "qu'est-ce qu'on fait où on va" qui n'aura pas duré très longtemps cette fois-ci. Au premier coup de fil passé, un fermier a accepté de nous prendre dans sa ferme à 120 km de là. L'idée, c'est d'y passer environ deux semaines, avant de partir pour de bon pour la Tasmanie. 

Et dans cette nouvelle aventure, on embarque avec Marine et l'autre Jérémie avec nous. Parce qu'on s'est quand même super bien entendu. Notre prochaine tâche, dès demain si tout va bien : ramasser des courgettes ! 

On en est donc à notre quatrième boulot en un mois, et je suis sûre que vous serez à l'affût du compte-rendu de nos exploits de ramasseurs de courgettes dans un prochain article ! 







7 commentaires:

  1. Glamour la description de ce pauvre kangourou !!!!

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    1. Certes, je te l'accorde ! en y réfléchissant bien, il n'y a rien de bien glamour dans tout l'article je crois !

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  2. Salut les d'jeun's!!!
    Super l'article, c'est super chouette, ça dépayse! J'avoue que je me marre quand je vous vois dans un campement de babs avec une douche de fortune ou en train de ramasser des cerises...dommage Célia, je ne pourrai plus jamais te chambrer!!!!! Bon c'est super, vous avez l'air de bien vous marrer, continuez comme ça! Ici c'est pas la même ambiance, Noël se prépare, stress des cadeaux et journées pleines de froideur et de brouillard! Mais on tient le coup quand même grâce à vos photos sous le soleil! Plein de bisous, profitez bien!!!!Mathisme

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    1. ah ah.. je t'ai toujours dit que tu avais une mauvaise perception de moi à ce niveau là :-) et sinon, on se marre bien en effet ! malgré quelques petites galères ^^ allez, on essaie de t'envoyer un peu de chaleur ! bisous !

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  3. Salut salut !!
    Bon en fait vous voulez concurrencer mathilde on l'aura bien compris !
    Pour nous les cerises et les courgettes semblent venir d'une autre vie : celle du chaud !
    Vos rencontres ont l'air bien sympa et fort... enrichissantes. Ici boulot, boulot, et grève, manif...la routine quoi.
    Zion a montré les cartes des animaux à l'école il était super fier.
    On vous embrasse bien fort. So

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    1. ah ben voilà, on est démasqué ! je crois qu'on a marqué quelques points en terme de concurrence :-)
      un très bon anniversaire à tes loulous sinon de notre part à tous les deux !! je vois que ça a bien été fêté !
      On essaie de se skyper très bientôt ? Que tu me racontes ta "routine" de directrice qui doit être loin d'être si routinière que ça ! gros bisous à vous 4 !

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  4. Ouais on s'habitue à la roots attitude ! On projette de le regarder d'ailleurs ce film... Quand on trouvera un wifi digne de ce nom... =)

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