Où en étais-je au dernier article ? Ah oui, la
courgette.
Ou zucchini de son nom anglais, qui, je l’imagine, doit en fait
être son nom italien. Enfin, quoi qu’il en soit, on vous avait quittés juste
avant de commencer notre nouveau job de ramasseurs de courgettes.
« Great paid », disait l’annonce,
enfin, dans notre cas, on se serait contenté amplement d’une « normal
paid », voire même d’une « paid » tout court, à condition qu’on
puisse travailler à peu près tous les jours et pas trois heures par ci par là.
Nous voilà donc arrivés dans cette magnifique ville de
Cobram, à une heure au-dessus de Glenrowan, à la frontière entre le Victoria et
le New South Wales, toujours accompagnés de Marine et de Jérémie, les copains que nous avions
rencontrés chez Joséphine.
Tout comme à
Glenrowan, il n y a strictement rien à faire à Cobram, à part ramasser des fruits
et des légumes (en même temps, c’est un peu pour ça qu’on est là…)
On n’était pas super ravi d’aller à Cobram pour tout vous
dire, on s’y était déjà égaré et enlisé une première fois quelques semaines plus
tôt, à taper vainement aux portes de toutes ses fermes, avant de finalement
bosser chez Joséphine.
On espérait que, cette fois-ci, la force de Cobram serait
avec nous.
Arrivé là-bas, on s’est dit, que, puisqu’on avait un job
d’assuré, on pourrait se permettre le luxe de dormir dans un caravan park (un
vrai camping quoi) et donc d’avoir accès permanent à l’eau, l’électricité, la
douche. On s’y croyait un peu trop je crois…
Une fois arrivés au premier
caravan park, le mec nous ouvre en plaçant judicieusement son corps de façon à
ce qu’on ne puisse pas rentrer dans son bureau, et nous lance « Vous
êtes des backpackers ? Parce qu’on ne prend pas de backpackers ».
En
fait, c’est surtout ce qu’il a dit ensuite qui était drôle : « On ne
prend pas de backpackers parce qu’on n’a pas de camp kitchen -de cuisine- dans
le camping ». On a beaucoup aimé son argument, qui a au moins eu le mérite
de nous faire marrer. C’est vrai, quoi, comment on faisait d’habitude pour
cuisiner sans camp kitchen ?? On s’interroge encore…
Je l’imagine bien se dire dans sa tête : « Tiens, j’ai une
idée, et si on ne construisait pas de cuisine dans le camping, comme ça on
pourra sortir ce pseudo argument à tous ces parasites de
backpackers ? Ca emmerderait tous les autres campeurs, qui du coup ne
pourraient pas en profiter, mais c’est pas grave, tant qu’on n’a pas de
backpackers !! »
Arrivés au deuxième caravan park, la femme nous a cette fois
sorti qu’elle voulait bien nous prendre, mais que, par contre, il ne fallait
pas compter sur de tarifs préférentiels si on envisageait de rester sur une
longue durée, parce que c’était bientôt les vacances.
Du coup, on comprend aisément que la plupart des backpackers de Cobram s’installent au bord de la
rivière, qui, dans ces circonstances, fait aussi naturellement office de
douche. Si vos pas vous mènent à Cobram
un jour, arrêtez-vous au bord de sa rivière, à Thompson beach, c’est
apparemment the place to be. A tout heure du jour et de la nuit, vous trouverez
un backpacker absolument désespéré d’être là, mais prêt à vous offrir gentiment
un verre de Gun (ce vin déguelasse, coupé aux œufs et aux poissons) et à vous
refiler des supers bons plans « Ouais les gars, revenez ici ce soir, y
aura grosse soirée ! » -euh… grosse soirée ? A Cobram ? Le
doute m’habite !! -
Enfin, dans notre cas, on avait décidé de prendre deux jours dans ce camping
et d’aviser ensuite.
Le matin suivant, rendez-vous à la ferme de courgettes où on a rencontré le boss qui nous a dit de
revenir le lendemain pour commencer à travailler.
Entre temps, on a vu dans la ville des annonces pour un
festival de rodéo qui se tiendrait pas loin le week end. On était tout content,
on s’est dit que, quitte à être là, autant y aller dans le folklore australien
et aller voir du cow-boy en action sur des taureaux déchaînés (vous vous dites sans doute que ça fait un peu beauf, et vous avez
raison, mais, si vous étiez là, vous feriez certainement pareil).
La femme de l’office du tourisme nous a un peu refroidis en
nous annonçant le prix (clairement un prix établi dans le seul et unique but de
tenir les backpackers à distance – non, non, je ne suis pas parano)
Mais je me souviens encore que l’un de nous a sortis
« Enfin on verra, si on voit qu’on est bien payé pour notre premier jour
de courgettes, on pourra quand même y aller » (ah ah ah !!!)
Enfin, on a eu droit à notre lot de consolation : le rodéo version low cost.
Jérémie bravant la bête
Ca en jette moins, mais on s’est quand même bien marré.
Le lendemain, donc, premier jour de courgettes. Les
courgettes, c’est pas très fun, faut se pencher pour les ramasser, ça fait vite
mal au dos et c’est tout boueux. Mais, honnêtement, ce n’était pas notre
principale préoccupation. On a passé une partie de la matinée à remplir les
cagettes de courgettes, et au bout de trois heures et 5 cagettes remplies à 4
(20 dollars la cagettes) , on avait fini notre champ. Petit coup de fil au
boss pour savoir ce qu’on devait faire après « revenez dans deux
jours ». Euh, douche froide, trois heures de boulot tous les deux jours,
c’est pas avec ça qu’on va se payer le
rodéo ni le caravan park ! Ni rien du tout d'autre, en fait.
Du coup, comme à notre habitude, on a préféré partir (malgré l’enfumage
habituel : mais, à partir de Noël, il y aura pleiiiiiiiiiin de
boulot ! toutes les courgettes seront prêtes ! Peut-être mais on n’a pas trois semaines à perdre, au revoir,
merci !).
L’après-midi, on était en train de méditer sur tout ça
en buvant un café, quand on est tombé sur deux français tout contents.
Intrigués, des
français tout contents à Cobram, c’est quand même suspect en plus d’être
franchement étonnant, on s’est demandé le pourquoi de cet épanchement
d’enthousiasme. Heureusement, ils sont venus à nous et nous ont tout expliqué. Ils
venaient de faire 700 bornes en bus depuis Sydney parce qu’ils étaient tombés
sur une super annonce pour un boulot bien payé dans les courgettes, avec une
« great paid » annoncée. Hum.. comment dire que ça nous rappelait
vaguement quelque chose. Recoupement fait, c’était bien pour le même boulot
qu’on venait tout juste de quitter. Je crois qu’on les a un peu refroidis…. On leur a quand même offert le café pour leur
remonter le moral, et on ne sait pas trop ce qu’ils sont devenus par la suite…
Pour nous, on a encore fait un peu de porte à porte avant
d’être frappé d’une évidence : cette ville n’était pas pour nous, il
FALLAIT qu’on s’enfuie au plus vite….
Cap vers le sud et interdiction absolue de reprononcer le
nom de Cobram !
Le lendemain, loin de là, appel à plusieurs fermes du coin
jusqu’à ce que John décroche et nous propose de faire un essai le surlendemain.
Notre destin nous poursuivait toujours : on allait à nouveau cueillir des
cerises ! Aucun enthousiasme dans les rangs cette fois-ci, on attendait de
voir…
Les cerisiers, on maîtrise maintenant, on sait que selon le
type d’arbres, ça peut être le bon plan ou la misère.
Enfin, en attendant ce fameux surlendemain et histoire de se
changer les idées, sur un coup de tête, on est parti à Melbourne, pour un passage
aussi express que pluvieux . (Les deux
étant liés dans une certaine mesure)
En arrivant, au crépuscule, on est allé sur une petite jetée
pour observer des sympathiques habitants : des petits pingouins qui
remontent sur la jetée tous les soirs après leur partie de pêche.
Ne cherchez pas de pingouins sur la photo : on en a
bien vu, mais impossible d’obtenir une photo qui rende quoi que ce soit, le
flash est interdit. Du coup, on a quand même pris une photo de Melbourne du
bout de cette jetée, c’est sympa aussi, non ?
Le lendemain, petites déambulations dans la ville, vite
arrêtées par des trombes d’eau. Du coup, tout trempés, on s’est réfugié dans le
premier endroit fermé venu (O ! Un starbucks ! Mais quelle
coïncidence !)
Le pont des arts version Melbourne, bien moins fourni que le parisien !
Rue des tags, qui évolue en permanence !
On aura eu tout de même un petit aperçu de Melbourne, mais
on reviendra l’explorer plus en détails un jour de soleil, promis !
(Cyril, il faudra qu’on passe à ton resto d’ailleurs !)
On a donc laissé la ville dernière nous pour prendre la
direction de la ferme de John à Seville, dans la Yarra Valley, à une heure de
là. Oui, oui Seville, ses collines, ses vignes, ses cerises… Bon, ok, ça en
jette bien moins que son illustre homonyme andalouse. Mais pour une fois, la région est plutôt
jolie, et il y a des balades sympas à faire dans le coin les jours off.
Ca fait une semaine que nous sommes ici et tout s’y passe
plutôt bien. Une grande partie des cerises de John sont éclatées par la pluie,
mais il a eu la judicieuse idée de prendre
ce critère en compte et de beaucoup mieux payer au panier du coup. Et
comme on bosse des jours complets, on s’en sort pas trop mal.
Nouveau cadre de travail, on a connu pire...
Le ratio de backpackers français est toujours autant désespérant par contre : 14
français et demi sur 16 backpackers sur la ferme.
Le un et demi restant est évidemment dénué de tout
anglophone, étant composé d’un espagnol
et d’une franco-espagnole.
Cette fois-ci, on ne dort pas sur la ferme par contre, même
si on y a accès à une vraie douche, ce qui est fortement appréciable. On dort
par ci par là sur Seville et dans ses environs, et pas de rangers en vue pour
l’instant…
On devrait avoir ce boulot jusqu’à Noël à peu près, et
après, on ne sait pas trop…
On parle toujours d’aller en Tasmanie, Marine et
Jérémie sont très motivés eux aussi.
Mais on n’est pas du tout sûr de pouvoir trouver du boulot
là-bas, apparemment, c’est déjà blindé en backpackers. Bref, on hésite, on hésite, en attendant, les
places sur le ferry sont prises d’assaut et les prix montent avec l’arrivée des
grandes vacances d’été. Mais on ne désespère pas pour autant !
Suite au prochain numéro !
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