lundi 30 décembre 2013

Noël au soleil

On ne va pas se mentir. Les alentours de Melbourne, où nous sommes en ce moment, ce n’est pas vraiment l’endroit idéal où séjourner en décembre pour être absolument certains d’avoir un climat parfait et ensoleillé.
Si vous voulez être sûrs d’avoir du soleil en décembre, vous pouvez aller, et bien, disons, à peu près partout ailleurs en Australie.
Il semble régner un micro-climat assez étrange sur Melbourne : pluie un jour, 40 degrés le lendemain pour retomber à 15 degrés et des nuages le jour d’après. Un peu comme si toutes les saisons semblaient se succéder sur une semaine, voire parfois sur une même journée.

Ceci donne lieu à des situations assez cocasses. Par exemple, nous sommes arrivés un lundi à Séville, la ville où on bosse, à 40 km de Melbourne, pour commencer à y travailler le lendemain. Ce jour-là, il pleuvait des trombes. On se rend donc dans le centre commercial du coin pour chercher des K-ways, n’étant absolument pas équipés, histoire de limiter la casse si on devait bosser sous la pluie. Au premier magasin, (K-mart, le royaume du backpacker), on cherche partout, on fouille tous les habits, impossible à trouver. Partout des maillots, des chapeaux, des shorts, mais pas de K-ways. On demande à une vendeuse qui nous répond un truc du genre : « non, non, nous n’en avons pas, puisque là, on est en été. ». Ah oui, c'est vrai, on est en été. C'est sûr, que, comme ça, là, on ressentait pas comme évident le fait d’être en été. Mais, hum, les gérants du magasin ne savent pas où ils habitent ? Ils se sont crus en plein désert ? Parce que là, en regardant par la fenêtre, on voit de l’eau, du brouillard, des nuages, mais aucun rayon de soleil à l'horizon. Et puis il fait froid, et la clim à fond dans le magasin, quand il fait 10 degrés dehors, c’est pas vraiment non plus une super idée.
Bref, nouvel essai dans un autre magasin pour un même résultat, nous sommes repartis les mains vides.

Ceci dit, pas besoin d’aller très loin de Melbourne pour échapper à ce micro-climat : 2-3 heures vers le nord, où on bossait avant, et vous êtes assurés d’être inondés de soleil et d’avoir très chaud dès le mois de novembre.  

Mais dans notre cas, c’est pas vraiment un souci, depuis Séville, on s’évite les grosses chaleurs pour travailler, et on profite d’une région super jolie et verdoyante (ceci n’étant sans doute pas sans rapport avec le climat).

On vous avait dit que ce nouveau boulot dans les cerises se passait plutôt bien, au final, il se passe vraiment même plus que très bien, et dans une bonne ambiance. Et pour une fois on est bien payé. John, notre boss, a la lumineuse idée de mieux payer au panier les jours où les cerises sont rares, pas mûres ou trop abîmées, et qu'on ne peut donc pas en ramasser assez pour faire un rendement correct. Ca paraît pourtant pas révolutionnaire comme ça, mais c'est la première fois qu'on le voit. 

Le seul souci, c'est que, parfois, des bus de touristes débarquent pour visiter la ferme et faire une dégustation de vins (John possède aussi des vignes). A ce moment-là, c'est un peu deux mondes qui se croisent, qu'on pourrait catégoriser assez grossièrement comme les bien habillés (eux) et les crados tout boueux (nous). Le summum, c'est le jour où une femme a demandé à Jérémie si elle pouvait le prendre en photo en train de bosser. Bien sûr, et puis, la prochaine fois, on fera rajouter quelques cages et on te donnera des cacahuètes à nous balancer dans la tronche. 

Ce jour-là, on faisait du packing. Parce que certains jours, (très rarement, mais c'est arrivé), il nous arrive de ne pas ramasser de cerises mais d'aller bosser à l'entrepôt. Dit comme ça, on pourrait se dire que ça nous change un peu. Le problème, c'est que c'est inexaltant au possible.
En gros, tu es toute la journée face à ton tapis roulant, en train de regarder passer les cerises que tu as cueillies la veille.  Tous tes sens doivent être en alerte pour ne pas faillir à ta mission : vérifier chaque cerise et jeter les pourries - trop mûres - pas assez mûres. Pour donner le maximum de chances de réussites à cette mission, le tout passe entre les mains de 3 personnes successives avant d'être empaqueté. Mais je suis sûre, que, même si on mettait la population entière de l'Australie sur la chaîne, il resterait toujours au moins une pourrie sur le lot. Tout l'enjeu et de réussir à ne pas s'endormir sur son tapis ou à ne pas se taper de bad trip (oh !! ça tangue ! je suis sur un bateau !! ahhh !! je recuuule ! - ou alors c'est juste le tapis peut être). 

Parfois, les cerises passent une par une et tu en rajoutes un peu en attrapant l'unique cerise et en passant 3 heures à la regarder sous toutes ses coutures. Parfois, un million de cerises arrive en même temps, tu attrapes des poignées par ci par là, tu en fais rouler quelques unes sous tes doigts, tu essayes de regarder partout en même temps, mais le tapis roulant est plus fort que toi et emporte tes cerises alors que tu sais que certaines t'auront filé entre les doigts et échappé à ta surveillance, et que tu ne pourras rien y faire. Enfin, même si les secondes durent des heures, les journées finissent par passer, et, à chaque pause on a droit à des boissons. (Oui, rappelez-vous, le backpacker est TOUJOURS content quand on lui offre quelque chose). 

Sinon, une Néérlandaise, un Autrichien, et Allemand sont venus faire baisser le ratio de français sur la ferme, ce qui est plutôt une bonne chose, d’autant plus que nous avons bien sympathisé.
En particulier, avec Marcel, le jeune Allemand. (oui, oui, Marcel, bien que, comme ça, spontanément, ça n’évoque pas vraiment un prénom allemand). Marcel est tout jeune, à peine 18 ans.
Il est venu nous voir un soir dans notre camp, quelqu’un lui ayant dit qu’on travaillait dans une ferme à cerises où tout se passait bien. Il voulait prendre quelques renseignements sur notre boulot. 

Au fil de la conversation avec Marcel, on s’est rendu compte que lui aussi s’était embourbé (au propre comme au figuré) dans une maintenant célèbre ferme à courgettes dans la ville où on ne veut plus jamais mettre les pieds : Cobram. Au cas où on aurait eu des doutes sur l’intégrité des types pour qui on avait travaillé là-bas, ceux-ci ont vite étaient levés. 
Marcel, donc, a travaillé dans la même ferme que nous, mais le lendemain. Comme nous, il n’y avait quasi rien à ramasser, donc rien à gagner. Comme nous encore, le boss lui a dit que le manager n’était pas du tout content de ce qu’il avait ramassé et ne voulait pas le payer (j’avais oublié de vous raconter ça, je crois. En gros, quand les gens disent au boss qu’ils ne vont pas revenir bosser, il leur sort qu’ils ont ramassé de la merde histoire de ne pas les payer). Sauf que, dans le cas de Marcel, ça a failli tourner à l’affrontement physique, le boss s’est avancé vers lui pour l’intimider et feindre de le frapper, tout ça pour 30 dollars.  Ce type est un malade. 
Au passage, il a quand même réussi à proposer une deal de mafieux à Marcel. Si ça l’intéressait, contre 500 dollars, il pouvait lui faire des faux papiers mentionnant qu’il avait bossé 3 mois dans sa ferme, pour pouvoir renouveler son visa un an d’un plus. (bosser trois mois dans une ferme lors de sa première année est une condition pour pouvoir postuler pour une deuxième année).

Enfin, pourquoi je parle de ce type déjà, ne gâchons pas cet article avec lui.

Tout ça pour dire que, finalement, Marcel est venu travailler sur notre ferme, et que, très vite on l'a un peu pris sous notre aile. 

Il voyageait avec un autre type, qui l’avait pris en co-voiturage et qui était très bizarre. Par exemple, il se barrait sans le prévenir jusqu’à deux heures du mat, alors qu’il avait toutes les affaires de Marcel dans sa voiture, sans se préoccuper de savoir où et comment il allait pouvoir dormir.
Heureusement, on a pu lui prêter une tente et tout ce qu’il fallait pour parer aux absences répétées et imprévues de son co-voitureur. Je ne sais pas si c’était très marrant pour Marcel de rester avec des français de 10 ans de plus que lui, mais en tout cas, on était content de l'avoir avec nous, et on a essayé de l'aider autant que possible, vu que son co-voitureur n'avait pas l'air de trop se préoccuper de lui. 

En tout cas, il reviendra certainement en Allemagne en parlant couramment français. 
Il a bien essayé de nous apprendre quelques trucs en allemand, mais il a dû vite voir qu’on n’était vraiment pas doué.

Entre toutes ces aventures, il fallait aussi qu’on pense à organiser Noël, ce qui s’est fait plus ou moins au dernier moment.  

On voulait le passer avec Marine, Jérémie et Marcel, et retrouver Cyril et Pascaline, qu'on n'avait pas vus depuis un peu plus d'un mois.  

Finalement, quelques jours avant Noël, Pascaline a trouvé une chambre à louer dans une maison sur Philip Island, une superbe île au sud de Melbourne. Elle nous a proposé de passer Noël là-bas, Cyril nous y rejoindrait aussi.
Le temps de faire semblant de travailler un peu le 24 au matin, d’embarquer avec nous Adeline et Julie, deux françaises rencontrées sur notre campement, et nous voilà partis pour Philip Island.


 
               
On n'aura pas ramassé beaucoup de cerises ce jour-là, mais on aura fait une bonne séance photo, et avant de partir, on aura réussi à se faire offrir des bouteilles de vin par le patron. Comme il fait aussi des vignes, on a tenté un « on voudrait vous acheter des bouteilles, si ce n’est pas trop cher… ». On pense qu’il a eu pitié de nous.  

En chemin, on est allé acheter de quoi essayer de faire un repas un peu festif, et là gros casse-tête.
Pas la peine de chercher à acheter du foie gras, ou du magret ici. Je crois que les Australiens ont l’habitude de faire un gros barbeuc pour Noël, ce qu’on aurait bien fait aussi, mais il vaut mieux avoir un barbeuc dans ces cas-là. 
On s’est vite mis d’accord pour l’entrée (salade de saumon), les desserts (tiramisu et gâteau au chocolat, pas trouvé de bûches ici), et l’accompagnement (gratin dauphinois). Restait la viande… Là, on séchait un peu. Comme on hésitait entre tout, et bien, on a finalement choisi de ne pas choisir en prenant un peu de tout et n’importe quoi. Agneau, mini steaks épicés, saucisse, saucisses de bœuf ( ???). Ok, niveau viande, ça ne faisait pas forcément Noël, mais, au moins, tout le monde pouvait faire son marché. 

A notre arrivée chez Pascaline, on a rencontré d'autres backpackers : quelques Français et un Italien. On avait peur d'être nostalgiques de nos familles le soir de Noël, mais heureusement, le fait de tous se retrouver, et de rencontrer de nouvelles personnes, je crois qu'on a tous passé un super réveillon. 


 

 

Cooking time 


 




Parce que c’était Noël et pour que ce soit quand même un  peu la fête, on a opté pour le traditionnel « chacun achète un petit cadeau et on tire au sort la personne à laquelle on va l’offrir ».

2 critères pour le choix du cadeau à acheter :
-pas cher (on est des backpackers)
-utile pour un backpacker (logique puisqu’on est toujours des backpackers), la notion d’utilité pouvait être plus ou moins relative.


Un grand merci à Cyril et Marine ! ça y est, je crois qu'on ne manque plus de rien maintenant...

Le lendemain, belle surprise : grand beau soleil et 30 degrés pour le 25 décembre.
On a tous dormi à la maison et on a retrouvé le bonheur de prendre un petit dej en intérieur sans avoir à affronter le froid du matin et à galérer à allumer un réchaud après avoir trouvé la direction du vent.  (meilleure solution : jeter une feuille en l’air)

Après ce petit dej, départ pour une séance bronzette et baignade. Bien évidemment, on n’a pas pu passer à côté des photos en bonnet de Noël sur la plage. C’est pas très original, c’est vrai, vous auriez d'ailleurs certainement espéré qu’on vous épargne ce manque absolu d'originalité, mais c’est pas non plus tous les jours qu’on peut fêter Noël sur la plage. C’était peut- être même la seule fois de toute notre vie (snif snif).


Woolamaï beach 

 

Ces poses n'ont absolument aucun sens...




  
                                                                   





 






 

Super moment sur la plage en tout cas, jusqu’à ce que le drame arrive. 
Après avoir remarqué qu’on était à marée haute, on était en train d’essayer de parler des marées en anglais avec Marcel (on a des sujets de conversation passionants) et je ne sais plus lequel a dit que ça serait marrant qu’une grosse vague arrive et emporte nos affaires posées sur la plage, avec nos appareils photos, téléphones et autres à l’intérieur. 
Ah ah.. sauf que bien sûr THE vague nous avait entendus et elle est arrivée. Là, une montée d’adrénaline nous a tous instinctivement transformés en sauveteurs d’appareils électroniques, nous voilà tous à piquer un sprint en direction de nos affaires, à attraper nos sacs au dernier moment et à les balancer en lieu sûr. Aucune perte à dénombrer, mais dans notre cas, quelques petits grains de sable qui ont profité de toute cette agitation pour s’introduire sournoisement dans l’objectif et bloquer l’appareil. On pensait que ses dernières heures étaient arrivées. Il a fallu la collaboration et les échanges de conseils avisés de plusieurs backpackers pour venir à bout de cet enfoiré de grain de sable et ressusciter l’appareil. Ouf…

Ces émotions passées, on s’est remis à la préparation du repas du 25, qu'on a fait le soir et pas le midi pour déroger un peu à la tradition. Encore une super soirée qu’il a fallu un peu abréger en prévision du réveil à 5 heures le lendemain matin pour nous en retourner à nos cerises. 

Ah, durant cette soirée, on s’est aussi fait un super cadeau de Noël : les achats du billet pour la Tasmanie. Depuis le temps qu’on vous en parle, cette fois, c’est sûr ! départ programmé pour le 10 janvier...


D’ici là, quelques petites heures de boulot demain avant de partir dans un très joli endroit pour faire le 31 décembre. 

Et comme on finit le travail demain, et qu'on est donc à nouveau en vacances, il nous restera encore quelques jours pour un petit road trip dans le Victoria et enfin, enfin le grand départ !

Et on terminera en souhaitant de très très bonnes fêtes à tous ceux qui passent par ces pages ! Une pensée particulière à nos familles et à nos amis qui nous manquent d'autant plus à cette période... 


11 commentaires:

  1. Merci encore pour le compte rendu de ces supers moments! Noël sur la plage c'est pas mal quand même!!! Ici ce fût aussi au soleil mais sur la neige...pas la même ambiance! Je pense bien à vous les cocos! Jérémie: bronzage magnifique! Célia: presque bronzée! bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz Mathilde

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comment ça presque bronzée ?? t'es folle je suis à mon max :-) Gros bisous ! Je pense bien à toi aussi !

      Supprimer
  2. Nous aussi on pense bien à vous profitez à fond et passez de belles fêtes on vous embrasse fort et vous disons à l'année prochaine.pascale

    RépondreSupprimer
  3. Encore un superbe article. Un Noël comme ça on en veut tous ;-) . Profitez bien et vivement la Tasmanie. Bisous. Fany

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou Fany ! Merci beaucoup ! J'espère que les fêtes se sont bien passées pour vous, premier Noël pour ta puce :-) Gros bisous de nous deux !

      Supprimer
  4. Super article !!
    Trop de contente d'avoir passer ses fêtes avec vous, encore de bons moments partagés avec vous les coupaings !!
    Bon trip sur la Great Ocean Road en attendant la Tasmanie
    Gros bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou coupine ! Je réponds 15 ans après ! Oui, super Noël ! Merci encore à toi :-) J'espère que tout se passe bien avec les pingouins ^^ Gros bisous !

      Supprimer
  5. Merci à tous pour vos commentaires ! Ça fait vraiment plaisir. On pense bien à vous... :)

    RépondreSupprimer
  6. Mais de rien ! Je vous offre une poêle mais je vous en reprends deux, plutôt une affaire pour moi ! Si vous passez me voir a votre retour peut être que je vous les rendrai avec en prime des couverts, et des torchons qui essuient ! Si vous avez besoin d'autre chose let me know!
    Super article en passant, on s'en lasse pas :D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Héhé, on a compris que tu voulais voler tous nos trucs ! Mais bon, les couteaux et les torchons, ça compense, on passe l'éponge :-) On a inauguré tes couteaux d'ailleurs, incroyable, tu les plantes dans de la viande, non seulement ça coupe, mais ça casse pas ! Bizz !!

      Supprimer